Il ne se passe plus grand-chose par ici, et il s’en est passé tellement dans la vie réelle que je n’imagine même pas faire une mise à jour complète de mon existence depuis. Je n’ai pas fait le bilan de 2018 car c’est une année qui s’est terminée avec beaucoup de belles choses dans ma vie extérieure, mais surtout beaucoup de difficultés dans ma vie intérieure.
J’ai réussi tous mes examens jusque-là, je suis allée au Castelfest, je n’ai toujours pas changé de prénom, je suis allée chez mes parents, je suis allée à la Pride de Rennes, j’ai fait du shibari pas mal, j’ai fait la végane pendant presque un mois mais pas tout à fait parce que faire ça à la période des fêtes n’était pas mon idée la plus pertinente, je suis allée chez le podologue plutôt en 2019 et je sais pas encore si ça va servir, et j’ai glorieusement laissé tomber le vélo parce que le Bout du Monde est beaucoup trop pentu pour ça. J’ai pas mal conduit, pas mal fait la fête, pas mal fait l’amour, donc on peut dire que malgré un hiver abominable, en un an et trois mois depuis le dernier post, on a plutôt vécu des trucs pal mal.
Je suis tombée très fort amoureuse et ça a remué des choses à plein de niveaux, notamment sur la question de ce que je souhaitais pour mes relations. J’estime avoir une chance incroyable aujourd’hui de me préparer à partager un bout de ma vie avec une personne aussi douce et ouverte, qui prend soin de moi et m’accepte avec mes petites névroses, mes grandes phases de tourbe, me soutient dans mes projets et croit en moi plus que moi-même. C’est la première fois de mon existence que je vis le polyamour sereinement, que je me sens entourée d’autant de bienveillance et de douceur, et c’est beaucoup grâce à cette personne. Cela m’a cruellement manqué auparavant, de pouvoir être moi-même dans cet aspect-là de ma vie, et c’est sans aucun doute un déterminant majeur de mon bien-être actuel, quelles que soient les mauvaises phases que le retour de la dépression a pu me faire traverser ces derniers mois.
Ces derniers mois, et encore en ce moment, ça a été la grande phase de transformation, car je m’apprête à déménager de nouveau, après les quatre années réglementaires dans la même ville. Je vais de nouveau habiter avec des gens, on verra ce que cela donnera, mais je suis très enthousiaste face à ce nouveau projet : en ce moment vivre seule m’épuise un peu, paradoxalement. Je vais de nouveau bosser, après de longs mois de pause salutaire, car six mois de stage m’ont rappelé combien le travail, ça peut être l’enfer. Nouveau foyer, nouveau taff, ça fait beaucoup de changements… et un retour aux sources puisque pour la troisième fois, je vais m’installer à Rain-city. Retour, encore et encore, à ma ville d’amour, après quatre ans d’idylle avec le Bout du Monde, sa mer et ses maudites rues en pente.
Le préavis est posé, je viens souvent à Rain voir le joli garçon, depuis qu’il est installé dans le coin je fais sans cesse l’aller-retour. Cela me fait reprendre pied dans les rues, reprendre les habitudes, découvrir les changements. Je me réacclimate au rythme et à la lumière d’ici. Y’a des jours où ce n’est que bonheur, d’autres où ce n’est que douleur, parce que j’ai vécu trop de vies ici. C’est très contrasté, pas toujours facile à concilier. Tant que je ne serai pas posée, je crois que j’aurais du mal à faire autre chose que de parcourir mes souvenirs et à en construire de nouveaux, et c’est ok. Je parcours Rain avec anticipation, et le Bout du Monde avec mélancolie. Je sais ce que je quitte, je sais à peu près ce que je vais avoir… mais je suis déjà un peu partie du Finistère, pas encore revenue en Ille et Vilaine, je suis tiraillée entre mes deux amours. Ça peut sembler un peu bête, vu de loin, après tout je ne change même pas de région, mais moi je les sens, ces infimes différences d’accent, de mentalité, de culture, de références entre les deux villes.
C’est ça qui me demande le plus d’énergie ces derniers temps : la transition. Être ici et être là-bas, quand je peux, et n’être réellement nulle part quand ça m’échappe. Faire de la place pour chaque bout de vie. Il reste deux mois : j’ai envie d’être installée, de ne plus avoir de voisin du dessus, de commencer de nouveaux cours de danse ; je fais la liste de ce que j’ai jamais fait au Bout du Monde, des plans laissés en plan qu’il est encore temps de réaliser, des gens avec qui j’ai envie de passer du temps avant que cela soit plus compliqué de se voir ; je fais la liste des trucs que je pourrais faire une fois à Rain, des choses pour la nouvelle maison, des avantages de la grande grande ville. Cela a été difficile de faire le choix de quitter ma ville pluvieuse pour retourner dans ma ville à colombages, attendre pour mettre ce choix en œuvre n’est pas beaucoup plus facile.
En attendant, je fais au mieux pour profiter de cette fin de saison de danse avec les copines, des gens doux qu’il y a ici, en profitant aussi des merveilles du jardin du joli garçon et des autres gens doux de là-bas. Des jours comme aujourd’hui, j’ai l’énergie de savourer, et c'est sûrement le genre de trace que je serai contente d'avoir laissée dans quelques mois :)
[CW relations abusives]
Je ne sais plus comment commencer, ça fait mille fois que je me lance dans ce texte et jamais je ne vais au bout, si tant est que je dépasse les premières phrases.
A l'origine, je voulais parler de Jessica Jones. Une série Netflix, dont la saison 2 vient de sortir. Je ne l'ai pas encore regardée parce qu'il se trouve que la saison 1 m'a beaucoup marquée, et que je crains d'être déçue par la suite. Elle se tient comme un récit complet qui n'appelle de toute façon pas de suite.
Mais surtout, c'est une série qui a eu pour moi un rôle thérapeutique extrêmement important. En lisant le pitch, j'ai compris que choisir de la regarder ne serait pas anodin, j'aivais même envisagé de ne pas la regarder seule, car je craignais de ne pas en être capable. [j'ai chopé un bout du synopsis de l'épisode 1 sur Wikipedia, histoire de dire]
Jessica Jones est une détective privée à New York, enquêtant essentiellement sur des affaires d'adultère. Sa force surhumaine est un atout dans son métier, mais un profond traumatisme l'a marqué et elle se noie dans le whisky pour le surmonter. Un jour, un couple de parents vient à elle pour qu'elle retrouve leur fille Hope Shlottman, disparue soudainement. En interrogeant son entourage et en remontant ses derniers achats, Jessica découvre que la jeune femme pourrait être une nouvelle victime de Kilgrave, un homme cruel capable de contrôler les esprits dont elle a été victime un an auparavant et qu'elle croyait mort. Le premier réflexe de Jessica est de fuir loin de son tortionnaire, mais elle décide finalement de sauver Hope avant de quitter la ville.
Au final, un jour de désoeuvrement, où j'allais ni mal ni bien je pense, j'ai lancé l'épisode 1, et tout a fonctionné. L'identification à l'héroïne, le récit, l'antagoniste, la fin. Bien sûr, on parle d'une série de super héros, et à mon grand dam je n'ai pas été livrée avec la capacité à botter des culs et à faire des trous dans les murs avec mes poings. Mais pour la blague, je m'habillais exactement comme l'héroïne quand j'ai commencé à regarder. Ca peut sembler anodin, mais ça ne l'est pas tant que ça : par capillarité mes fringues ont acquis valeur d'armure et à ce moment-là, ça m'a fait du bien.
Et puis surtout l'histoire - là encore, bien entendu on parle d'une série, beaucoup de choses ne sont pas comparables. Mais elle m'a rappellée l'histoire sur laquelle je n'ai jamais écrit (ce qui fait que rédiger ceci est au final très compliqué, aujourd'hui encore). J'ai reconnu les états de panique, j'ai reconnu la colère, la peur, tout ce que suscitait Kilgrave. Et Tennant en Kilgrave, en éternel enfant capricieux, pétri de fausses excuses pour ses actes, en être pathétique dans sa recherche d'emprise, d'approbation, c'était parfait, insupportablement parfait. Je n'ai pas vu de représentation plus juste de ce que le trauma et l'abus peuvent faire - de nombreux articles ont noté cette justesse : or c'est extrêmement précieux de voir cela, quand on l'a vécu.
Ca peut paraître idiot, mais voir hors de soi cette histoire, ça aide. Ca aide à mettre de la distance, ça aide à se dire qu'on n'est pas seul-e avec ce genre de chose. Et la dimension cathartique est importante aussi : parce que dans la série, l'abuseur s'en prend plein la tronche. La fin est à cet égard parfaite : c'est celle qu'aucune victime d'abus ne pourra jamais vraiment s'offrir, sauf dans ce genre de fiction. Je l'attendais au tournant, la fin, je priais pour qu'il n'y ait pas de cliffhanger, de pirouette scénaristique fumeuse qui épargne l'ennemi. Et rien de tout ça, donc. Une fin parfaite et légèrement jubilatoire.
Tout ça m'a aidé à mettre une partie de mon vécu à distance, à le digérer. Série très précieuse donc (pas du tout exempte de défauts, j'en suis consciente, mais rien qui ne peut prendre le pas sur sa valeur thérapeutique, donc). J'en parle maintenant , un peu parce que la saison 2 est sortie, mais surtout parce que dans les jours à venir, je vais faire quelque chose en lien avec cette époque. Et que si objectivement, je sais pourquoi je le fais, je pense que c'est la bonne chose à faire, et même je me dis que cela me fera peut-être du bien, ça fait quand même remonter des trucs pourris.
Je crois bien que j'ai pas fait grand chose de plus difficile ces dernières années, et je n'avais pas tout prévu. Je n'avais pas prévu l'odeur trigger à 3h du mat' dans une maison qui n'est pas la mienne, ni les images qui se pointent quand toute l'armure a été enlevée, ni les larmes qui montent sans préavis. Rien d'étonnant à cela cependant, même si j'ai cru un instant être assez blindée pour échapper à cette partie du processus. Ce qui est important, ici, c'est que ce n'est "que" ça - des choses qui me coupent les jambes par surprise, et puis la vie continue, après un nombre variable de grimaces. Je me rappelle d'une époque - même après être partie - où je vivais un cauchemar permanent. Où je me disais que ça n'aurait jamais de fin, de guérison, que je ne serai plus jamais heureuse... aujourd'hui, je peux aller voir la Gwenn de cette époque, celle qui frappait les murs sans faire de trous dedans, et lui dire que ça va aller, qu'il y a une fin à tout cet enfer et qu'il y a même du bonheur après. Et même si c'est putain de dur, je vois le chemin parcouru et je me dis que c'est franchement pas mal d'en être là, maintenant.
Alors oui je dors n'importe comment, je sors trop, je bosse pas assez mes cours, je ne prends pas trop le temps dont j'aurais besoin pour être sereine, mais en fait je vis, et c'est la meilleure chose que je puisse faire pour prendre soin de mon âme, là tout de suite. Ca tient la nuit à distance, ça met du doux, du beau, du fort, de l'imprévu dans mon coeur - c'est l'autre face du combat.
[et c'est pas plus évident de conclure que de commencer, on va donc platement s'arrêter là]
Oui bon, on est bientôt en mars, mais c'est juste que le post a traîné dans mes brouillons, voilà. Du coup y'a déjà des mises à jour sur les objectifs, ça fait un petit package, c'est pas mal. Le truc, c'est que décembre et janvier, ça a été la tourbe, comme disent les consoeurs. Rien de mal n'est arrivé, mais ça a recommencé à être la lutte à chaque seconde pour chaque détail dans ma tête... malgré les choses cools de la vie, je me suis rappellé ce que ça faisait d'en chier pour avancer, avec en guest la peur sourde de voir revenir la dépression. Ca va beaucoup mieux depuis février, cela dit. Bref, nous disions :
J'ai beaucoup moins d'impératifs en tête pour 2018, vu que j'ai l'impression d'avoir passé 2017 à déplacer des montages... Donc y'a quelques objectifs, mais soyons honnêtes : beaucoup d'entre eux sont plutôt des "trucs que j'ai envie de faire" : ne pas les accomplir ne changera pas ma vie, et je ferai sûrement des tas de trucs cools auxquels je ne pense pas pour le moment.
- Réussir mes partiels : bon, la base. J'ai aucune idée de la sauce à laquelle je vais être mangée, et même certains éléments de ma formation sont encore incertains pour le moment. Mais du coup, passer mes exams avec succès, c'est le plan de l'année, qui conditionnera un peu le reste. Les résultats du premier semestre sont tombés : j'ai roxé sur 3 matières et m'en suis bien sortie sur les deux autres. Reste à attaquer la suite, avec un peu plus de repères sur le niveau attendu.
- Changer de prénom : finir les papiers, préparer les justifs, et les poser en mairie. J'ai 12 mois pour ça, ça devrait être faisable.
- Aller au Castelfest : bon, ma place est prise, j'pense que le plus gros est fait. J'ai très hâte de retourner à ce festoche qui m'a tellement plu la première fois !
- Passer faire un saut chez les parents : comme l'an passé, parce que ça leur a fait plaisir et que maintenant, je peux légalement conduire la voiture, ha ! C'est fait, et j'ai eu de la neige en bonus, c'était parfait, et parfaitement la coupure dont j'avais besoin pour sortir le cul de la tourbe.
- Participer à une pride : ça fait environ mille ans que je n'ai pas fait ça et j'en meurs d'envie. Y'en a pas au Bout du Monde, j'espère être dispo pour celle de Rennes ou Nantes.
- Faire un tour à Ouessant ET Molène : j'ai pu aller à Ouessant en 2017, et j'aime toujours autant cette île. Voilà des années que je rêve de faire un crochet par Molène, donc cette fois, j'arrangerai mon trajet en fonction de ça.
- Faire une balade à cheval : parce que ça fait dix ans que j'en parle et qu'il est un peu temps de se sortir les doigts du cul surtout maintenant que la Renarde fait du poney et que ça donne une occase d'aller la voir.
- Faire du shibari : ça faisait quoi, 15 ans que ça traînait dans les "trucs que je ferai un jour" ? Et ce fut le cas l'an passé. Ca m'a plu à plusieurs niveaux, j'ai donc bien envie de continuer l'expérience. Si on prend le truc au pied de la lettre, c'est bon. Mais bon, l'idée c'est de continuer à explorer, et donc l'année ne fait que commencer.
- Manger vegan pendant un mois : pareil, ça fait des années que cette histoire est en standby... pour le moment, mon deal perso est : je cuisine tout vegan, et dehors je ne me pose pas trop de questions. Je sais que décider d'être vegan à temps plein pour toujours me créera plus de stress qu'autre chose et que ça sera donc inutile : on va donc voir ce que ça donne pendant un mois, et ce qu'on décide de faire de ça.
- Aller voir un-e podologue : j'ai un pied qui fait chier depuis un an, la podologue qui m'a filé des semelles a un peu réduit le problème mais pas assez à mon goût. Comme y'a une top podologue du sport dans le coin, l'idée est d'aller la voir histoire d'explorer d'autres pistes.
- 50km de vélo : celle là je la pose là en me disant qu'on verra quand le temps sera plus clément. Mais j'ai remis mon vélo en service à l'automne et j'ai bien envie de voir si je peux faire des trucs cools avec, notamment niveau cardio (parce ce que courir, j'ai plus envie).
Voilà ! Surtout des envies donc, dont certaines ne sont pas listées ici. Y'a aussi des choses que j'ai envie de continuer (lire, au hasard), et d'autres objectifs qui vont de soi, que je les fixe ou pas (style conquérir le monde en y dansant avec les copines)(style célébrer des jolis sabbats au bord de la rivière).
Je ne mets pas de mot directeur pour cette année, mais je regarde le "FOCUS" de 2017 brûler glorieusement sur le bûcher de mon éparpillement actuel. Et je crois que ce n'importe quoi du moment me plaît assez en fait, donc je ne lui fais pas (trop) la guerre (jusqu'à ma prochaine phase control-freak à l'approche des partiels, j'imagine).
[en écrivant, j'ai trouvé, en fait. c'est tout à fait basique, mais surtout très évident. du coup je le garde dans un coin de ma tête et on verra ce que ça donne]
Alors, comment ça s'est mis, 2017 ? Ben ça s'est pas trop mal mis du côté des objectifs, ce qui est une chouette chose.
- Avoir mon permis : c'était dans le top 3 des trucs à faire cette année. J'ai repassé l'examen pour qua quatrième fois le 13 décembre, j'ai cru l'avoir foiré et je l'ai réussi : in extremis donc ! Je suis immensémet soulagée de m'être débarassée de ce vieux boulet que je traînais depuis mon arrivée au Bout du Monde (et qui a régulièrement affecté mon moral, plus que de raison).
- Avoir mon BTS : top 3 là aussi. J'ai fini major de promo, alors même que j'ai passé les exams en pleine période de séparation/déménagement. Même si j'aurais difficilement pu me rater, je suis quand même très fière, car j'ai beaucoup bossé pour ça, et c'est une belle victoire au vu des premiers mois de la formation qui furent un véritable cauchemar.
- Entrer en licence : ça aussi c'est fait. J'ai passé (et réussi) des entretiens pour finalement me former dans un organisme qui n'en demandait aucun, mais le principal est là : je suis en formation, elle est de qualité, et j'aime ce que je fais.
Pour les choses un peu moins... déterminantes, disons, c'est pas mal non plus :
- Soigner mon épaule : j'ai passé du temps chez le kiné et bien que je n'aie pas eu l'impression que c'était utile sur le moment, je suis presque délivrée de la douleur qui pouvait me lancer du milieu du dos au petit doigt. Bon point donc.
- Keep in touch : le bilan est assez bon là aussi. Je n'ai pas vu toutes les personnes que j'aurais voulu, mais j'en ai vu pas mal cette année. Notamment la famille, puisque je me suis rendue au repas de Noël avec la grand-mère, les zonclétantes, les cousinzécousines et la marmaille de ces derniers, après 6 ans à ne pas le fêter dans mon coin. Auto-médaille pour celle-là (avec la contrepartie de passer quelques jours chez mon cousin et ma cousine préféré-e-s ^^)
- Voyage : je suis allée en Ecosse avec le Druide, et c'était chouette. J'y étais allée 10 ans avant, et revoir certains lieux était un enchantement. Tremper mon cul dans l'eau glacée de l'Ile de Skye, c'était aussi un must. Et j'ai appris à aimer le whisky !
- Lire un livre par mois : alors, je ne sais pas si j'ai tenu ça au mois près, mais comme j'en ai lu une grosse trentaine sur l'année, en moyenne on est bons, en pétant les scores même.
- Compétences diverses : je sais maintenant me maquiller pour la scène et un peu pour le plaisir aussi. J'ai acheté les bases pour me fabriquer un visage quand j'ai dormi 4h une veille de prestation (ce fut une constante cette année), et si je peux, je vais voir à remplacer au fur et à mesure par des produits de meilleure qualité.
Pour le reste, nada : je vais laisser le tarot de côté vu que ça ne m'a jamais profondément parlé, et j'ai eu largement autre chose à faire que de m'attaquer au crochet et l'auto-hypnose. C'est pas franchement grave, l'année a été remplie de bien d'autres trucs chouettes.
- Changer de prénom : ça, c'est pas fait du tout, et c'est con vu que ça me tient un peu plus à coeur que le crochet, par exemple. J'ai retiré les formulaires en mairie et j'ai juste commencé à les compléter, mais je crois que le déménagement et la poursuite d'études ont mangé toute ma patience administrative.
Dans l'ensemble, je suis donc super contente de tout ce que j'ai fait cette année : niveau objectifs, d'une part, et tout le reste du temps aussi. J'ai dans mon bullet journal une liste immense de choses qui m'ont rendue heureuse cette année. Ce n'est pas rien, quand je me dis que j'ai passé les quatre premiers mois à m'épuiser pour repousser une décision, qui une fois prise, s'est ptet révélée être une des meilleures que j'aie prises ces dernières années.
Est-ce que du coup, j'ai tenu ce "FOCUS" qui m'importait tant en début d'année ? Aucune putain d'idée. Je dirais que jusqu'à l'été, oui, et qu'ensuite, bon... l'éparpillement est revenu. Et comme l'an passé, j'ai fini décembre sur les rotules, vu que je n'ai cessé de courir depuis octobre : beaucoup de travail pour la licence, un nouveau rythme à prendre, beaucoup de sociabilité, de danse, d'imprévus, et au final énormément d'informations à décanter sans en avoir toujours le temps. Dans l'ensemble, c'est pas si mal, car malgré la fatigue mentale que ça génère, je ne panique pas : je me connais assez maintenant pour comprendre que j'ai besoin de temps de vide pour me reposer des stimulations parfois importantes de ma vie sociale (les gens, les relations, les conversations,mais aussi tout connement le bruit, le contact, les odeurs...). Pour autant, comme ladite vie sociale m'apporte énormément de joie, je ne souhaite pas la réduire, tout est donc une question d'équilibre.
Me recentrer, donc, est une chose à laquelle j'ai du porter beaucoup d'attention ces derniers mois, et je crois, avec succès. J'ai intégré que parfois, je dois faire attention à mon introversion et à mon hypersensibilité (émotionelle un peu, mais sensorielle surtout) pour me sentir bien. Ca n'a été possible qu'avec la fin de ma thérapie : une fois la dépression évacuée, il reste donc des choses qui s'y noyaient mais qui n'en sont pas.
La fin de la thérapie, c'était juste après le permis : beaucoup de choses importantes à mes yeux se sont donc achevées au tournant de l'année civile. Ca fait une jolie fin je trouve, surtout avec toutes les choses trop trop chouettes qui se nouent depuis l'automne. Ce n'est pas tous les ans pareil, mais définitivement pour moi, 2017 ça a été une année de gros, gros changements, de grande évolution. Je suis débordante de gratitude pour les ami-e-s qui m'ont accompagnée et soutenue quand plus rien n'allait, pour toutes les belles choses que j'ai vécues, et pour la vie en général, puisqu'apparemment, j'ai récupéré ma capacité à être cucul aussi. J'ai eu la chance de pouvoir prendre un nouveau départ, sans, pour une fois (enfin!) avoir à brûler tous mes vaisseaux : c'est inestimable.
Bref, tout est tellement bien que je ne sais pas comment l'écrire, et qu'il faudra ptet un post entier pour parler de tout ça. En attendant, j'écoute Euzen.
Glazed in a newfound lake
I'm swimming towards luck and faith
I'm closer than I used to be
Stronger than I hoped to see
You know, sometimes in row
I've had some itching and aching
In my stomach on the go
But then you know, within below
I have my feet firmly planted
In the center of the flow
C'est dimanche, c'est le dernier dimanche de l'année de mes 30 ans. Et rien de spécial ne se passe : une machine tourne, une autre sèche. Un gâteau refroidit, l'huile pose dans mes cheveux et je chille blottie dans mes pilous, bref, la vie est douce. Et Samhain approche.
Demain, cela fera deux mois tout rond que j'ai arrêté de prendre des anti-dépresseurs. C'est ma plus grande victoire de cette année, et celle qui a fait le moins de bruit - je ne voulais pas qu'on l'entende, je ne voulais pas courir le risque d'avoir à assumer une défaite. C'est une des plus longues batailles que j'ai menées : plus de deux ans avec les médocs, c'est facile à dater. Mais tellement d'années avant cela que j'en perds le compte, est-ce d'ailleurs bien utile d'en faire le compte ? Je ne pense pas.
Le fait est que dans moins d'une semaine, au coin du feu, je pourrais déposer cette victoire, cette promesse tenue. Qu'au soir de Beltaine pourtant, je craignais plus que tout de ne pas mener à bien. L'année a été compliquée, c'est le moins qu'un puisse dire. Puis elle est devenue très simple, très bruyante, très vivante, très joyeuse et chaotique, et les choses se sont précipitées et mises en place d'un coup.
J'ai donc cette victoire et bien d'autres moins éclatantes à offrir à ma déesse. Il y a aussi quelques deuils et quelques défaites dans le lot, bien entendu, mais je suis en paix avec la plupart d'entre eux, et pour le reste j'essaie de faire confiance au temps. J'aborde la saison sombre très heureuse, car la saison claire a été fructueuse, et avec sérénité, parce qu'il y en a marre d'avoir peur des ombres au bout d'un moment. On verra bien ce qui sortira de la nuit, je sais déjà quelques tâches qui m'attendent (et je ne suis qu'à moitié impatiente de m'y coller), et il y en aura d'autres, et on fera avec (je disais exactement la même chose l'an passé en fait : je n'avais AUCUNE idée de ce qui allait me tomber sur le coin du nez, et honnêtement ça me fait pas mal ricaner après coup).
Bref, je ne suis pas mécontente que l'année s'achève, clairement. Mais dans ses épreuves, elle a été parfaite, déjà parce que tout débouche sur du mieux (et dieux, ca n'a pas toujours été le cas). Des liens se sont renforcés et d'autres se sont créés, beaucoup de choses jolies et surprenantes sont arrivées, et arrivent encore depuis Beltaine. Des années de grande agitation, de grands changements, j'en ai déjà vécu un ptit paquet. Chacune différente et chacune riche à sa manière, mais celle-ci est spéciale : ça n'a jamais été aussi doux.
Les ombres de l'autel dansent au mur au gré des courants d'air qui agitent les bougies. Car ça y est, deux mois après mon arrivée, cet appart a son autel : le délai n'est pas si long. J'ai besoin de me sentir à l'aise dans les lieux avant d'y inviter les dieux, et j'ai besoin d'être à l'aise dans ma tête, d'être seule aussi, d'avoir le temps... bref, si souvent mon autel a attendu des lunes, c'est que moi j'attendais un alignement de trucs pas évidents tous les jours.
Donc c'est un (modeste) miracle : j'ai un foyer. Et j'en suis très, très heureuse.
J'ai pu monter l'autel, aussi, parce que j'ai avancé dans des trucs laissés en plan à l'emménagement. J'ai rangé mes livres en catégories et non en tas aléatoires. J'ai bossé sur des cartons dans la chambre qui méritaient tous de vivre un tri de plus. Quand je les ai faits, je pense que ce n'était pas le moment pour moi de regarder chaque objet et de me demander "ai-je encore besoin de toi ?" : la réponse était oui à tout, ou presque. J'ai eu besoin d'emporter tout ce qui constituait, à mes yeux, des preuves matérielles de mon identité. Je connais la chanson, parfois il ne faut pas forcer : je suis contente d'avoir défait ces cartons hier, et laissé bien des choses partir. Parce que c'était le moment.
Au revoir donc les agendas de la fac et de l'école de photo, au revoir d'ailleurs les cours manuscrits dans des carnets A6 de l'école de photo. Oui vous étiez jolis : non, vous ne servirez plus. Au revoir les mille tirages photos entassés dans une boite : jamais je ne ferai de vous un truc cool, je n'ai donc gardé que quelques images, une de chaque, je j'aimais vraiment bien. Au revoir les bibelots, certains n'ayant pas servi depuis six ans, je crois que je n'aime plus tout à fait les même choses. J'en ai retrouvé d'autres avec plaisir, évidemment, notamment des photos que je pensais perdues quand mes boites ont été mangées par le moisi : celles qui n'étaient pas rangées à leur place ont providentiellement survécu. Ranger, des fois, c'est mal.
J'ai gardé les photos en question et les souvenirs de voyage, dans une boite pour chaque. Je crois que quand même, le voyage c'est pas possible de laisser partir. C'est un des rares traits qui relie mes six vies, ça ne peut donc pas disparaitre en me laissant sereine.
Il y a deux objets qui m'intriguent. Tous deux m'ont été offerts à une époque "passablement pénible" de ma vie. Du coup, je ne me rappelle pas par qui, je ne me rappelle pas quand, je ne me rappelle pas pourquoi. Trous noir. Ils sont associés à des sentiments agréables, seulement j'ai effacé le contexte. J'étais à peu près certaine de mon coup ; c'est en effet une période dont mon cerveau, à mon insu, a effacé des pans entiers. Mais là j'en ai la preuve sous les yeux, et ça m'intrigue (ca m'intriguera jusqu'à ce que je passe à autre chose, hein).
En attendant, les ombres dansent sur les murs, le tram résonne dans la rue, les squatteurs de l'ancienne pharmacie jouent au foot.
Et j'ai de nouveau un foyer.
Beltaine continue son chemin. C'est toujours aussi bien, toujours aussi remuant, toujours la leçon de souplesse évoquée plus bas.
Au travail, c'est le début des petites fins. Je pensais rester un an de plus, à un autre poste, et cela ne se fera finalement pas. Cela m'a rendue un peu amère, évidemment, un peu triste de partir (tout arrive), et très inquiète pour l'année prochaine. Et puis j'ai balayé ça et décidé d'une autre façon d'arriver à mes fins en termes de formation pour l'année prochaine. On verra bien, j'ai peur évidemment, le monde du travail et moi c'est jamais très serein, mais on verra bien.
En attendant, je range l'ordi du boulot qui est devenu mon deuxième ordi perso, pour ne rien laisser de trop perso, justement. Je prépare le terrain pour ma remplaçante que je ne croiserai même pas. Je laisse quelques dossiers inachevés qu'elle ne pourra pas reprendre, les collègues devront s'en débrouiller et ce ne sera plus mon affaire. Ca me rend un peu mélancolique, doucement je fais mes bagages, avec une envie toute relative de travailler, évidemment.
J'ai eu mon BTS, sans trop de surprise, avec quelques notes bien chiadées, ce qui fait toujours plaisir. Là pour le coup, c'est un truc qui s'achève sans tristesse, sans mélancolie, sans regret, juste un IMMENSE SOULAGEMENT.
Une amie s'est mariée. J'ai glissé quelques larmes pendant la cérémonie païenne, parce que voilà, même si je suis clairement pas dans cette phase-là de ma vie, j'y suis passée, et dans tous les cas c'était très beau. Leur bonheur, le lieu, le fait d'avoir, pour la deuxième fois, l'immense joie de voir s'unir deux amis sous le regard de nos dieux. Et la java qui a suivi était plus que digne de celle de Beltaine, ce qui ne gâche rien - mais laisse de foutues courbatures.
Une autre amie a déménagé. J'ai pas glissé de larmes mais je suis allée porter les cartons et faire du ménage, beaucoup pour aider (c'est normal), un peu pour que mon cerveau ne puisse pas faire de déni. Car il s'agit de l'appart que je connais depuis le plus longtemps au Bout du Monde, celui qui a rendu il y a trois ans (déjà !) mon emménagement moins effrayant, un de mes refuges, un de mes points fixes.
Mon appart, lui, finit petit à petit par ressembler à un foyer. Il y a encore beaucoup de rangement à y faire, mais j'ai pris mes marques et je m'y sens infiniment bien. Pas au point de me dire que je ne bougerai plus avant un moment, là je pense qu'on ne va pas prendre le risque. Mais déjà c'est chez moi, ce dont j'avais infiniment besoin.
Je noue les derniers fils entre eux pour conclure cette saison : préparer ma succession au travail, finir de m'installer dans mon nid, intégrer les changements de la vie de mes proches aussi. Je profite de ce calme relatif, comme une conclusion à cette année "scolaire" totalement imprévisible. Et j'attends la rentrée avec une pointe d'impatience.
[et il y a pire moment pour faire le point sur les objectifs de l'année :
- Avoir le BTS, c'est bon
- Apprendre à me maquiller, c'est bon
- Partir en voyage, c'est bon
- Lire un livre par mois, c'est toujours bon
- Soigner mon épaule, j'ai un peu lâché mais la douleur aussi, alors c'est bon ?
Tout avance donc tranquillement ]
Depuis Beltaine, je n'ai pas arrêté de faire la fête. Je dois remonter bien bien loin pour retrouver une époque aussi faste en soirées ; non que je finisse chaque soir avec le foie en vrac, mais aucun week end n'est resté sobre et solitaire bien longtemps.
Et j'aime ça.
Depuis Beltaine, et je sais que je ne suis pas seule avec cette impression, j'ai le sentiment que le feu brûle encore dans la clairière, mais surtout dans les coeurs.
Et j'aime ça.
Depuis Beltaine, je n'ai pas arrêté, en fait depuis le début de 2017 je n'ai pas arrêté. J'avais noté "FOCUS" comme mot de mon année, consciente que ce genre de choix peut être à double tranchant, et que se concentrer sur l'essentiel ne serait pas nécessairement une promenade de santé. Et puis focus, faire la mise au point, c'est aussi chausser ses lunettes et cesser de laisser le flou planer. Dont acte : et l'énergie dépensée est immense, mais plus encore la récompense.
Hier j'ai passé mon dernier exam' de BTS. Me voilà donc débarrassée, un peu hagarde, de ces deux ans d'études qui m'ont tout autant remis le pied à l'étrier que pourri la vie. Je bosse sur la suite maintenant, et ce n'est là encore pas des plus simple, mais j'y crois. Samedi j'ai déménagé mes possessions que je pensais modestes (50 cartons, donc au temps pour le minimalisme...), me suis couverte de bleus, mais ça y est, j'ai mon nid. Pas bien fini, pas bien rangé, mais on va quand même l'étrenner samedi et c'est une bonne chose de faite, là encore.
Je n'ose plus espérer me reposer. Je cours après le repos et le "rien foutre dans mon coin comme une ermite" depuis des mois, et apparemment, ça ne veut pas, que voulez-vous. Mais j'aimerais bien quand même pouvoir y penser, maintenant que j'ai fait le plus gros du boulot de l'année. Qui sait pourtant ce qui attendra au détour du chemin ?
Depuis Beltaine je comprends que cette année, son début en tout cas, c'est une grosse leçon de souplesse. Ca tombe bien, j'avais le sentiment que j'avais sédimenté trop de trucs et que cette flexibilité, que comme toute assistante je vante dans mes lettres de motiv,' n'était plus qu'un mot et pas vraiment une réalité.
Mais il a bien fallu, car plusieurs choses que pensais acquises se sont dérobées sous mes pas. Il a fallu réapprendre à changer très vite de cadre mental, de projets, de perspectives. Très vite comme dans «pas le temps de passer des heures à tourner autour du pot en espérant que les ronds rentrent dans des carrés », comme dans « allez au lieu de crier de frustration et de pleurer d’angoisse, décroche ce téléphone et fais avancer les choses ».
Ca me fait mobiliser des capacités que j’ai trop longtemps laissées en sommeil, ça m’en fait découvrir d’autres. C’est très rare que j’aie ce sentiment, mais en ce moment il est là : je n’ai plus l’impression d’être une gosse larguée dans le grand bain, juste à ma place, à faire ce qui doit être fait pour poursuivre mes objectifs.
Il y a de cela un peu moins de deux ans, j'ai emménagé dans un appartement immense. J'écrivais ceci, ici :
" C'est mon seizième déménagement.
Ça m'a même un peu cassée je pense, de tant bouger, si bien que fraîchement installée, je ne puis taire la part de moi convaincue que je vais pas rester là plus de deux, trois ans (une éternité, donc, ce qui est déjà pas mal). "
Je suis en train de faire des recherches pour ce qui sera, donc, le dix-septième déménagement de mes trois décennies à fouler la terre. Et le cinquième changement majeur de ma vie. Lors des changements précédents, tous des ruptures, comme c'est également le cas cette fois, j'ai eu l'impression qu'il s'agissait d'une mort. Pour cela j'ai souvent considéré avoir eu plusieurs vies. Je ne crois pas être morte pour cette fois, est-ce donc ce genre de chose que l'on apprend en grandissant ?
La saison sombre, je l'imaginais tranquille, et elle le fut jusqu'à Imbolc. Ensuite a commencé un travail ingrat et douloureux, que dire de plus ? Je ne crois pas avoir envie d'en dire plus.
Il y a eu Beltaine, j'ai dit que j'irais, que j'irais pas, que j'irais, et j'y suis allée. A quel moment ai-je cru pouvoir refuser un sabbat, ce seul lien, justement, qui offre un peu de continuité entre mes vies ? Et puis comment refuser de la joie et des rires quand on malaxe de la mélancolie à longueur de temps depuis l'hiver, comment refuser le lieu le plus accueillant et bienveillant qui soit quand on passe son temps à jongler avec ses différents masques sociaux ?
J'ai cramé ce qui devait l'être, presque tout : trois fois rien.
J'ai dansé au bord du ruisseau et accueilli la transe, laissé sortir ce que les mots jetés au feu ne pouvaient exprimer.
J'ai aussi éprouvé beaucoup de joie dans le cercle, à voir les gens réunis, comme toujours. De belles choses furent dites, de belles choses furent faites. Dans un lieu magique où j'ai retrouvé, je crois, un peu de l'émerveillement qui était là, les premières fois au pied de Ponthus.
Sur l'autre versant de la soirée, j'ai beaucoup trop bu, trop dansé, trop crié. Mais c'est aussi ça Beltaine, et je crois que jamais un si bel accueil ne fut fait à la saison claire de mémoire de Gwenn. J'aurais bien dit que cela m'a donné la force d'affronter la suite, mais ce n'est pas vrai : la seule chose qui demandait de la force, c'était le travail qui précédait. Alors on va dire que ce week end, c'est plutôt la joie pour accueillir tout ce qui viendra que j'en retire.
J'éprouve une impatience immense à l'idée de me bricoler mon nid de sorcière, où je resterai un an, deux ans, trois ans, peu importe pour le coup. Je me délecte d'avance des semaines à venir, à tort ou à raison, peu importe aussi : j'ai trop nourri d'angoisses pour bouder cet optimisme.
Je ne refais pas le laïus : je ne prends pas de résolutions, je pose des objectifs. Un objectif, ca se mesure, ca se réalise, c'est concret et ca a une fin, c'est beaucoup plus cool qu'une résolution. Comme j'ai pas trop mal rempli ceux de 2016 et que les avoir en tête m'a bien servi de boussole tout au long de l'année, je rempile donc. Rien de très différent, j'ai besoin cette année de rester CONCENTREE sur : le diplôme + la suite des études. De plus, puisque grosso-modo ma vie me convient, je n'ai pas de raison de faire d'énormes changements, surtout que je dois rester... concentrée. bref, voici donc la liste des trucs que je souhaite réaliser cette année (elle est non exhaustive : j'ai envie de plein de trucs, ce qui est bon signe tout en étant parfois envahissant) :
- Avoir mon permis : sans blague, vu que je l'ai raté et que ca reste quelque chose qui prend beaucoup (trop) de place dans ma tête, c'est LE truc que je souhaite sortir dans les 12 mois à venir. J'ai une nouvelle date, donc cela pourrait arriver assez vite - à moins que je ne le rate à nouveau, tout est possible, je m'attends à tout. L'avoir raté une fois finalement c'était pas si affreux : j'aborde ce second passage bien plus sereine.
- Avoir mon BTS : même si le contraire serait étonnant, bah ça reste un objectif hein. Et pis ça se fera pas en attendant le bec ouvert non plus. Donc ouep, avoir ce fichu BTS, ne plus jamais fiche les pieds dans cette école et puis...
- Entrer en licence : parce que pourquoi en rester là ? Puisque le taff me convient, j'ai envie d'aller voir plus loin, plus spécialisé, plus pointu. Et si vraiment ca reste ma came, j'envisage d'aller jusqu'au master - ce qui se réfléchira plus tard, car ça m'amènerait à changer de métier, ce qui n'est pas la question aujourd'hui. Bref, je suis encore étudiante à 30 ans et apparemment ça me fait assez marrer pour continuer xD.
Voilà pour les trois grands objectifs de l'année. Pour ce qui est des choses un peu plus personnelles disons, voici ce que j'aimerais :
- Soigner mon épaule : sans déconner, je me traîne cette douleur depuis plus d'un an. Et comme elle est là et que le mal de dos c'est comme la fatigue tsé, une habitude plus qu'une gêne, je laisse le truc... Bah du coup non. Cette année, l'idée c'est de voir ce qu'on peut faire contre ça (j'ai commencé la kiné la semaine dernière, du coup).
- Keep in touch : je suis la spécialiste mondiale du silence radio. Plus les gens sont loin moins je prends de leurs nouvelles, alors que j'aimerais en avoir, mais non. Maintenant que dans ma tête c'est moins l'enfer, je vais tenter d'améliorer cet aspect de mes relations sociales (pis un peu comme pour l'épaule, j'ai déjà commencé le taff : je bouge à Rain City dans quelques semaines et chez mes parents en février, puisqu'il parait qu'on s'est pas vus depuis deux ans et demi).
- Voyage : comme l'an passé, deux plans. Plan A : en bande organisée, la Norvège. Plan B : en solitaire, l'Ecosse ou l'Irlande. J'hésite encore même si l'Irlande est en train de gagner, je peux bien changer d'avis trois fois vu que je connais déjà un peu les deux destinations et qu'elles sont assez similaires à gérer.
- Changer de prénom : maintenant, c'est possible en mairie. Celle du Bout du Monde me l'a confirmé, ils ont juste pas encore la procédure en place, mais ce sera possible à un moment donné. Lorsque ce sera le cas, je peux espérer faire correspondre mon nom d'usage et mes papiers, et cesser cette schizophrénie dont j'ai appris à rire.
- Lire un livre par mois : celui là, c'est le résultat d'un constat de rentrée, où j'ai très très peu lu. Et pas au profit d'autres trucs cools, juste parce que les conneries d'Internet, c'est intellectuellement moins fatigant. Em. Donc un bouquin par mois, plus ou moins on n'est pas des bêtes, mais ce serait pas mal.
- Compétences diverses : je repose là le tarot, on verra bien. Et le maquillage, car au final, j'ai envie de voir ce que je peux faire avec un tel outil - ça me permettra aussi d'arrêter de chercher une maquilleuse à chaque passage sur scène rapport que j'ai 3 produits bien vieux pour tout matériel et que je sais rien faire à part un trait d'eye liner.
Un peu comme ça au cas où, tenter le crochet sérieusement ce serait aussi assez cool. Pis rebosser l'auto-hypnose, là ce serait le ponpon, mais comme je le disais plus haut, j'ai déjà des priorités sur lesquelles me concentrer.
Me concentrer, c'est presque mon mot de l'année - le vrai, c'est FOCUS: la direction que j'ai envie de me donner pour cette année. Le boulot sur la question est encore en cours, mais l'idée vient du fait qu'entre septembre et mes vacances de fin d'année j'ai eu l'impression super pourrie de courir partout comme un poulet sans tête. J'aimerais éviter de revivre des semaines comme ça, en poursuivant sans cesse le calendrier avec l'impression de me noyer dedans. Ca va passer par une meillleure gestion des temps de grosse glande (essentiels à la santé de la sorcière) et un peu plus d'anticipation, avec une priorisation des trucs aussi. Je sais pas encore comment ça va se faire, on n'est que le 8 janvier, j'en suis encore à faire des promenades dans ma tête pour cerner la question.
Bref, gros projets mine de rien cette année, et d'autres trucs avec moins d'enjeu mais importants pour moi. Au boulot !
A vrai dire, je n'ai pas énormément d'inspiration pour faire un bilan de 2016. Ca a été surtout une année très très remplie, une année de mieux, une année où j'ai pu définir de nouveaux objectifs pour plus tard, et aussi accomplir une partie de ceux que je m'étais fixés.
Donc en gros, une année crevante - et 2017 s'annonce à l'avenant, mais une année enrichissante quand même. Le premier truc, le plus important, celui que je garderais coûte que coûte à défaut de tout autre, c'est que je vais mieux dans ma tête. Du coup, rien que le fait de ne plus baigner dans le coton moite de la dépression, ca change tout en mieux, même les trucs un peu nuls. Alors je passe toujours un temps remarquable à râler, je suis souvent stressée, dormir assez reste encore une chimère et je noie beaucoup trop souvent mon cerveau dans les écrans. Ca reste des trucs sur lesquels je peux bosser, mais j'ai fait une énorme partie du travail, celle qui conditionne tout le reste.
Maintenant, on peut revoir les objectifs et ce que j'en ai fait :
Le permis : je l'ai raté en septembre, je l'ai super mal pris, mais j'ai pas laissé tomber, je suis retournée conduire alors que ça me gonflait grave. Bref, c'est un échec et en même temps, rien de définitif, je reporte donc l'objectif et puis voilà !
Les comptes : j'ai pas lâché, ou bien j'ai rattrapé le retard lorsque j'ai fait des dénis de découvert. Douze mois à suivre mes dépenses : ça m'a permis de voir où vont mes sous, d'arrêter de faire du déni bancaire, d'anticiper les galères et de mettre un peu de côté. Vraiment pas beaucoup, mais c'est déjà ça. Ca m'a vraiment aidée à comprendre comment ça marche dans mon porte-monnaie, et parfois à réduire certaines dépenses et mauvaises habitudes. Bon point donc, c'est réussi !
Tatouage : objectif rempli là aussi ! Il me reste deux séances pour compléter le remplissage du dessin, je suis vraiment ravie du résultat et de mes choix - notamment d'alléger de beaucoup le projet d'origine.
Voyage : à moitié réussi. En prévoyant Molène et Ouessant, j'ai occulté le fait que mes WE sont généralement chargés, quand ce n'est pas le ciel, quand je ne suis pas crevée, etc. Donc je n'ai pas réussi à me bouger, d'autant que j'aurais aimé y aller avec le Frêne dont l'emploi du temps fait passer le mien pour des vacances chez mémé. Bon, comme pour le permis, ce n'est pas perdu, j'espère pouvoir envisager ça pour juin, après mes exams.
En revanche, pour les Féroé, objectif atteint et même dépassé, j'ai adoré ce voyage ! Je rêvais de cette destination depuis des années et c'était encore mieux que prévu. J'en ai pris plein les yeux, j'ai pu prendre du temps pour me noyer dans les paysages, et j'ai rencontré des gens, refait quelques photos, et du stop bien sûr. Mine de rien je n'avais pas mis ma capacité à me démerder seule en marche depuis un moment, ça m'a fait un bien fou de me rappeller que bien sûr, elle est toujours là. Et n'avoir de comptes à rendre qu'à moi-même, pendant deux semaines, c'était vraiment le pied.
Spiritualité : il y a eu pas mal de travail pour ce qui est du commun, notamment sur le contenu des sabbats, ça, c'est parfaitement cool. Je ne pense pas pouvoir quantifier la notion de réussite ou pas en ce domaine, ce serait assez contre-nature. Mais je pense qu'on est dans le positif, la volonté d'avancer et de vivre de belles choses y était en tout cas. D'un point de vue plus personnel, ça n'a pas avancé des masses, mais rien de grave à cela, notamment car je n'ai jamais occulté les choses pour de longues périodes non plus - et aussi parce qu'on n'est pas dans une course à la productivité.
Sport : j'ai lâché l'affaire pompes/tractions, notamment parce que j'ai aussi lâché la salle de sport (à un moment donné, j'ai besoin de cesser d'aller dans des endroits comprenant des gens, c'est comme ça).
Pour la course, c'est gagné : sans en faire des masses ou régulièrement, je suis allée courir un bon nombre de fois entre le printemps et l'été. Ca m'a d'ailleurs clairement aidée pour toutes les marches faites aux Féroé !
Skills : tissage aux cartes, banco. J'ai tissé un loooong galon sans avoir envie de tout brûler, c'est vraiment cool. Je me suis aussi équipée de matériel adapté, ce qui change la vie.
Runes : banco, j'ai bossé la question au printemps, et j'ai intégré des connaissances qui ne demandent qu'à être approfondies. Pour le tarot j'en dirais pas tant, je n'en finis pas de mettre un pied dans le sujet pour l'en retirer de suite dans un accès de flemme. Mais j'ai quand même bossé, même si les résultats ne sont pas fous.
Santé : alors non, j'ai pas dormi, je ne me suis pas réconciliée avec le sommeil, mais ça n'empire pas. Ok mauvais argument. En amélioration, je peux dire que je supporte bien mieux de ne pas être la dernière personne à m'endormir de la maison (ce qui peut devenir problématique quand on doit se lever à 7h) et que je me réveille moins la nuit - globalement, mon sommeil est beaucoup plus réparateur, malheureusement je vis toujours le fait de me coucher tôt comme un truc contre nature. Il m'arrive de faire la sieste aussi, ce qui me fait beaucoup de bien.
Et le reste ?
En dehors de objectifs, quelles jolies choses ont bien pu traverser cette année ?
En cours de route, j'avais rajouté "Une grosse teuf pour mes 30 ans", et ce fut fait, et ce fut cool, et ce fut l'occasion de revoir des gens que je ne vois pas assez et bien déconner, donc c'était parfait. J'avais besoin je crois de marquer le coup de cette décennie qui fait très "adulte" en n'en étant justement pas une - pas très difficile mais parfaitement satisfaisant !
J'ai repris l'escalade ! C'était pas du tout prévu mais de fil en aiguille, en papotant avec un collègue, je m'y suis remise. C'est pas forcément la grande gloire et performance, mais ça me fait du bien, de bouger autrement que par la danse. Bénéfice supplémentaire, j'ai eu le plaisir de découvrir que mon vertige a presque disparu et que je panique beaucoup moins qu'à l'époque où j'ai arrêté.
L'ATS aussi j'ai repris, avec un plaisir que je n'aurais pas soupçonné. De façon générale, la danse a été pleine d'opportunités en cette fin d'année, c'est très agréable de faire de nouveaux trucs et de bosser avec des gens motivés. Malgré l'énergie que cela prend, cela reste un des domaines les plus enrichissants de ma ptite vie !
Côté bouffe, j'ai commencé à préparer mes repas de la semaine pendant le week-end, ce qui m'a libéré un temps considérable, et sauvée de beaucoup de soirées-chips ou riz-shoyu. J'ai aussi cessé, en septembre, de déjeuner à la caféteria près du boulot, où c'est toujours bien gras mais jamais bien bon, pour déjeuner en paix à mon bureau. Gros gros bénéfice sur le calme et la digestion.
Au fil de l'année scolaire, j'ai aussi décidé de ne pas arrêter là ma reprise d'études. J'espère fort fort intégrer une licence pro l'année prochaine, voire un master par la suite. C'est donc aussi une année où j'ai réussi à me dire que j'avais envie de faire un truc et décidé de m'en donner les moyens : champagne ! (ce n'est toujours pas "mon but dans la vie" ni "mon aventure personnelle", mais rien à foutre en fait, je reviens de beaucoup trop loin en la matière pour m'arrêter à ça).
Et puis il y a eu plein de bons moment sans étiquette, de chouettes rencontres, plein de bonnes bouffes, de bons fous rires, de bonnes courbatures bien méritées, de bonnes soirées blottie dans un pilou devant une série cool, et même des baignades entre copines avec des gamelles dans l'eau et du sable dans le maillot.
J'étais partie à lister les trucs moins cools, et en fait non. On va rester là-dessus, sur l'année pas ma plus belle de ma vie mais quand même bien sympa et remplie ! Et pour les objectifs de 2017, ce sera dans la prochaine note, je suis encore en train de faire le tri des trucs.
Et après Samhain ? Après la teuf bien cool pour mes 30 ans du week-end suivant ?
Bah faut retourner au travail. Au travail "le vrai", celui qui paie le loyer et fait bouillir la marmite, et en plus : celui de l'école qui fait pas bouillir grand chose mais qui était bien plus chiant l'an dernier, celui de l'asso qui fait remuer des fesses des gens et c'est cool, l'autre de l'asso qui m'apprend des trucs mais me fait rater l'escalade, celui du Clan qui heureusement se fait à plein, celui de sorcière qui se fait seule mais pas tout à fait, et celui d'amie enfin.
Mais le vrai travail, c'est de mettre les mains dans la terre humide de la saison sombre, d'y creuser, de voir ce qu'on en tire. J'estime que pour cette année, j'ai pas tiré le pire lot, même si on n'est jamais à l'abri d'un retour de flamme. Mais grosso-modo j'aborde tout ça avec tranquilité, de toute façon la saison sombre c'est ma came, hein. Je me heurte à des trucs qui me cassent les pieds, mais plus parce que j'ai pas envie de travailler que peur de quoi que ce soit. Donc ça va. Ca va et je vais pas m'en cacher : c'est pas trop tôt.
Du coup je peaufine des trucs, et je sais déjà ce que je vais prendre le temps d'approfondir. Lire des trucs essentiellement, rien d'énorme. Parce que ma mission annexe, c'est de roxxer au diplôme, cette année. Ce n'est ni fabuleusement nourrissant, ni spirituel, mais en même temps, en mai prochain je passe des examens. Alors la moindre des choses, c'est de faire le mieux de mon mieux. Toute une saison sombre pour ça : youpi (non hein, y'a quand même plein de trucs trop chiants à apprendre) !
En attendant, au travail le vrai celui qui met de l'argent sur mon compte, Guiton Simpleut honore son nom, Pépé Facho fait des bises baveuses, je ne sais quel énergumène a mis "JE SUIS BUZZ L'ECLAIR" en sonnerie, le vent siffle inlassablement le long des bâtiments, et je me délecte du chant des doigts sur les claviers en tentant de ne pas perdre le fil de pourquoi je suis là - et pas trop rien prendre à coeur, car il y a bien plus important.
Je n'ai pas trié les photos des Féroé, j'ai encore moins édité les petites vidéos faites sur place, mais peu importe : j'ai ramené de ce voyage bien plus que des images et c'est en partie ce qui me nourrit ces temps-ci.
Ces temps-ci sont mes favoris de l'année, j'aimerais que jamais cet automne ne prenne fin. Les jours ont enfin une durée acceptable, le soleil ne donne pas plus de lumière que nous n'en pouvons supporter, le vent porte la promesse de l'hiver, des longues nuits, des tempêtes à venir. Il y a des foulards aux cous et des teatimes dans la lumière dorée de la fin d'après-midi, des cieux à couper le souffle quand le travail nous pousse hors de la maison trop tôt le matin, il y a cela et bien des choses qui consacrent pour moi cette période de l'année. Je pourrais vivre dans la chanson "Octobre" de Cabrel.
Et bien sûr que Samhain approche et que cela fait de moi une enfant avant Noël - si pour Noël on s'habillait de noir et qu' on allait dans les bois, au lieu d'amener les bois dans la maison. C'est l'impatience la plus importante que j'aie connue depuis quelques années, et je la savoure avec délices. J'espérais faire une "retraite" pour cette période, mais force est de constater que cette retraite est venue à moi - invisible et discrète, elle est un tiraillement : je suis là, au travail à l'école, "en Molduvie" ; en même temps je suis loin à rêver d'hummus, de rivière glacée dans le chaos rocheux, de feuilles qui crissent sous la semelle. Je suis au camp, je suis au bois, j'en suis parfois même nostalgique de Ponthus lorsque je l'ai rencontré et de l'abri familier entre ses racines.
Cela rend ma vie civile parfois pesante, car j'aie envie d'autre chose, évidemment. J'apprends à concilier, j'essaie de ne pas oublier qu'il y a un an de cela, chaque matin sortir du lit était un miracle. Je ne sais toujours pas dormir, mais le voyage a été immense jusqu'ici.
C'est avec ce bagage, cette promesse tenue que je me pointerai dans une demi-lune au coin du feu. Pour dire au revoir à l'année, bonjour à la saison sombre, pour préparer le viatique jusqu'à Yule, jusqu'à Imbolc, jusqu'à Beltaine. Au final, j'ai même dépassé mes engagements, et je me trouve à cette délicieuse croisée : et maintenant ? Est-ce qu'on explore encore plus loin la relation avec Grande Reine, est-ce qu'on répond à l'appel discret du Forestier, si seulement c'en est un ? Ou bien est-ce qu'on attend de voir, on va voir ailleurs, on va voir partout et on verra bien ? J'en sais trop rien, vraiment on verra bien. Il y aura certainement des réponses dans le cercle du camp du Clan, fussent-elles de simples pistes, fussent-elles, pour changer : "démerde-toi".
UNE SEMAINE que j'attendais ca, UNE SEMAINE, que le ciel se dégage pour aller voir les îles d'en haut. Et trois jours qu'on nous annonçait beau "demain". Ben demain est arrivé ! Le ciel est dégagé, il y a du soleil, et même, le fond de l'air est chaud : cap sur Viðareiði, sa montagne, sa falaise.
Tant d'entrain que je suis au bord de la route fort tôt et que j'arrive à l'heure qui m'a vue décoller ces derniers jours - 11h - et j'attaque direct la montée.
Alors en vrai je le dis peu mais je considère que je suis une grimpeuse pas mauvaise : je souffle, je sue, mais je monte constant et enthousiaste. Bah là... putain qu'elle était raide (COMME DISAIT LA JEUNE MARIEE) ! J'ai cru ne jamais en venir à bout.
Le village (trop de HDR : ne faites pas ça chez vous les enfants)
Une fois au presque sommet, t'a deux options : tout droit en 10min t'es au point culminant local, 841m, et t'as une vue de ouf. A gauche en 1h t'as le chemin qui mène au bout de la falaise Enniberg, 754m de perpendicularité. Le chemin vers le sommet est safe, celui de la falaise l'est moins. C'est là que je voulais aller, mais un check rapide me permet de constater que je suis bien rincée (trop d'entrain dans la montée donc), que j'ai déjà le vertige qui pointe et que la vue sera certainement pas plus dégueulasse du sommet.
Donc va pour le sommet, et en effet la vue est loin d'être dégueu. Par contre ca vente, et ça vente des embruns. J'ai les doigts qui pèguent et qui goûtent le sel, c'est quand même assez innattendu. Mais côté météo j'aurais difficilement pu rêver mieux, il fait chaud (si ! 20°C ! Avec un vent tiède, c'est carrément la folie ici !), les nuages accrochent pas aux montagnes et le soleil brille comme pour se rattrapper de pas être venu pendant des jours.
La descente est moins casse gueule que je craignais, et je traine ensuite un peu à Viðareiði, qui a la chance d'être situé dans une vallée qui va d'un bout à l'autre de l'île - d'où la vue très, très panoramique. Comme il fait beau, tout le village est dehors, soit à bosser sur les maisons, soit aux foins, ca donne une ambiance très très cool.
Jour 14
Avant dernier jour et la brume est de retour. Ce constat établi, je traîne au lit jusqu'à midi car après tout j'ai vu tellement de trucs en deux semaines que rien ne sert d'aller courir dans le gris. A la place, je profite de la proposition de mon coloc de AirBnb qui se rend à Klaksvik, puisque je voulais y nager un coup. En piscine, car nombreuses furent les fois ou je me suis dégonflée devant une étendue d'eau ces deux semaines !
Bon rien à dire de spécial de la piscine, elle est cool et assez déserte, et le sauna est parfait. Nager était la meilleure chose à faire, pis ça change des lieux spécialement estampillés tourisme (enfin ici c'est un grand mot... dison des lieux ou forcément, tu seras pas la seule touriste, plutôt).
Pis le soir, que veux-tu, l'est temps de ranger mes affaires mon bazarbordel capharnaüm !
Jour 15
Mon avion n'est qu'à 20h, le bus pour l'aéroport à 17h20, cela me laisse amplement le temps de visiter la capitale. Pas de stop : je profite encore des plans de mon coloc qui se rend à Torshavn, ce qui m'évite l'autostop avec gros sac, pas une grande idée avec un genou rancunier.
Torshavn, c'est la plus petite capitale du monde, et tu te rends pas compte de ce que ça veut dire tant que tu sais pas que les bâtiments du gouvernement ressemblent à ça :
Des bâtiments en bois avec certains toits en herbe, parfaitement. Et pas une rue carrossable entre deux bâtiments, c'est tout de la vieille pierre.
Y'a 20 000 habitants : c'est réellement minuscule et calme comme une ville de province, c'est très très étrange à vrai dire. Le quartier derrière le gouvernement est constitué de toutes petites maisons en bois séparées par d'étroites venelles, avec des bouts de jardin n'importe où et même un poulailler, soyons fous !
Ensuite quand on s'éloigne de la mer cela ressemble plus à une ville contemporaine, mais toujours à la Féroé : c'est à dire que t'es sûr entre deux rues de toujours trouver un chemin dérobé pour faire raccourci. Une fois faite ma petite exploration je me pose dans un café histoire de rattrapper mon journal et d'introduire dans mon organisme les premiers fruits frais depuis deux semaines sous la forme d'un smoothie (faut se réadapter je pense, après ce régime muesli-pain noir -riz).
Ledit café - non, cette image n'est pas issue de Pinterest et est réellement ressemblante (on y passe du Eivor Palsdottir, le cliché est parfait).
Une dernière attente à l'aéroport de Vagar, sur mon île préférée je crois, et me voilà à Copenhague, condamnée à attendre mon vol dans une zone rien moins que calme. Ne crachons pas dans la soupe : le wifi est gratuit, pratique pour poster ceci, et ça me fait un palier avant CDG.
Quoiqu'il en soit, c'est là que s'achève ce carnet de route :)
Malheureusement, la météo a confirmé la pluie et au matin, impossible de voir l'autre rive du fjord (et non du skyr).
C'est ce temps michiant où il fait quand même pas assez moche pour rester dedans, et pas assez beau pour sortir : je décide donc d'aller voir Eiði (prononcez "Ah-yuuh", promis, les gens comprennent), et c'est... un peu la déception, ok. Pas grand chose de foufou là bas, et du vent chargé de pluie pour bien enfoncer le clou.
Qu'à cela ne tienne, je me poste à l'entrée de la route de montagne vers Gjogv (prononcez "Djétf", car c'est la journée à thème : noms imbitables !) en me disant que si mes pas doivent m'y mener, y aura bien quelqu'un pour m'aider.
Pas déçue de la route du coup, elle vaut le détour en elle-même, bien casse gueule comifaut, avec son lot de moutons qui squattent le bitume et de virages en épingle.
Et Gjogv, c'est une toute autre paire de manches, bon déjà il pleut pas, même si c'est couvert, et puis c'est mignon tout plein. C'est calme car la pluie c'est le remède miracle aux touristes, comme l'eau sur les Nac MacFeegle un peu. Je monte un moment à flanc de falaise (y'a un grillage, je suis pas tarée à ce point là, surtout vu le vent) pour voir tout ça de haut, et c'est bien chouette car je ne m'attendais pas à y trouver des macareux (sur la falaise. pas dans le village) ! Et c'est cool, les macareux.
Je reprends la route en sens inverse (après 30 minutes à attendre qu'une voiture se pointe, rapport à la pluie et aux touristes, du coup...) dans une bagnole rapiécée que le conducteur mène clope au bec à tombeau ouvert dans les virages. Comme les produits laitiers : des sensations pures ! D'ailleurs les féringiens au volant, c'est quelque chose. Le clignotant : connaissent pas. Téléphoner au volant ? Bah oui, c'est quoi le souci ? Les limitaquoi ? les limitations de vitesse ? Non, jamais vu. Bref, c'est pas toujours la fête à la sécurité routière, mais bon, vu la "densité" du trafic...
Jour 9
Pas de pluie mais du gris. Ca me va, et ça ne me va pas : j'ai deux trois randos sous le coude, elles passent toutes au dessus des 800m et là cette altitude , y'a des nuages donc c'est 1. complètement con 2. sans intérêt.
J'me choisis donc une rando facile, sans altitude et pas trop longue entre deux villages paumés au carré, et je décolle comme la veille : super tard, genre midi (sissi ça fait tard, heureusement qu'ici rien n'est loin de rien). La rando est cool, je croise que trois pékins, y'a la mer, il fait bon, et truc de fou : le chemin est visible. Le village d'arrivée est hyper mignon, plein de gamins qui jouent dans les rues.
Je mets quelques longues minutes à sortir de là, rapport que personne ne vient s'y perdre volontairement, et cap sur Fuglafjørður (prononcer "Fouk'lafiooor"), vu que genre, la moitié des gens qui m'embarquent y vont d'habitude).
Grosse commune donc - 1400 habitants, ça déconne plus, qui vit surtout de la pêche. L'office du tourisme est hyper cool, avec une nana qui me liste des trucs à faire avec un enthousiasme communicatif. Je fais un tour à "l'ancien magasin", qui vend essentiellement de la laine et des trucs en laine tricotés au village (j'ai été forte), puis dans une baraque en bois qui a été reconstruite cinq fois à différents endroits. L'ambiance au café d'extérieur est sympa comme tout, j'y passe un ptit moment avant de pointer vers la "source chaude".
(la déco du port de Fulgafjordur, ça s'invente pas)
Je mets des guillemets parce qu'elle est pas chaude, mais ca je savais. Pis on peut pas s'y baigner. On peut la boire, parait qu'elle guérit à peu près tout (douleurs, maladies, mariages qui patinent, procréation, ordinateur qui rame...), donc j'en colle sur mon genou relou pour voir. 80% du kiff c'est de mettre la main dessus, faut trouver une flaque au milieu d'une pente composée à 50% de ruisseaux, et plein de touristes remontent bredouilles. Au final, c'est surtout le coin qui est joli à voir, fort bien calme et qui prend des accents un peu hors du temps avec les nuages qui noircissent au dessus des sommets.
Jour 10
Ciel déjà dix jours ! J'avais prévu d'aller à Enniberg (prononcez Enniberg, cette fois c'est cadeau), la plus haute falaise du coin (voire du monde, car pourquoi pas, elle fait plus de 700m de haut), mais la météo est encore peu engageante, surtout pour s'embarquer pour six heures de montagne (et six heures sur le papier, ça fait vite huit heures avec les pauses photo et les pauses bouffe).
Plan B donc, le village abandonné de Skarð (vous emmerdez pas à le pronconcer, vu qu'il n'y a pas de route, personne vous y emmènera en stop ^^). Deux chemins pour y aller : une "randonnée agréable de 3h aller retour" et "un chemin qu'on vous recommande pas de prendre sans un guide, 8h l'aller simple".
Va pour la randonnée de 3h. Sur la route, pas une trace de pas, je vais peut-être trouver mon coin archi paumé ? En tout cas il faut bien plus de trois heures pour faire l'aller-retour : tous les vingt mètre, y'a un ruisseau a traverser, et c'est pas toujours bien sûr, un coup à finir au mieux le cul mouillé, au pire à faire le tobogan jusqu'à la mer. Un truc sur lequel le guide ne ment pas : 6km, pas un mètre de plus ! Et CENT QUARANTE HUIT PUTAINS DE COURS D'EAU (quelqu'un a compté).
A 6km il y a une grande cabane utilisée par les bergers, mais ouverte aux radononneurs, avec de quoi se poser un moment. Il y a un livre d'or, surtout signé en féringien, qui fêtera sa vingtième année dans un an. Meme si le temps est assez clément (tsé, comme quand on dit en Finistère qu'il fait beau, rapport qu'il pleut pas)(ils sont trois à me l'avoir sorti aujourd'hui, j'aime les gens ici), je suis contente d'y poser mon cul avant d'aller aux ruines du village.
Ooooh oui je l'ai trouvé, mon coin paumé ! Personne n'a vécu là depuis 1920, il ne reste que quelques murs debout, sûrement pas un toit. Au dessus se dresse la gorge par laquelle les habitants passaient chaque dimanche pour aller à la messe au village de l'autre côté de l'île. Elle a un nom, mais en vrai vous l'aurez reconnu : c'est l'oeil de Sauron. Avec des nuages accrochés en haut, parce que c'est classe.
Ca donne envie d'aller à la messe didon !
Le chemin de retour me vaut une gamelle dans une petite rivière (un gros ruisseau, comme vous préférez), et donc 6km avec les pieds mouillés. Oui parce que j'en ai eu jusqu'aux genoux, pourquoi faire les choses à moitié ? Mais dans l'ensemble, quoique crevant (un moment arrive ou on en a marre de sauter des ruisseaux)(au bout du cent huitième je dirais), il m'a semblé plus court que l'aller. Y'a une sterne arctique qui a apparemment cru que je menaçais son nid, qui donc m'a presque foncé dessus une dizaine de fois. Oui les sternes font ça. J'étais contente de le savoir !
Saloperie Sterne arctique
L'un dans l'autre, la marche était assez ardue et m'aventurer là-bas seule était ptet pas l'idée du siècle, mais je suis fort contente de l'avoir fait - j'ai trouvé un des coins les plus paumés de l'archipel !
Jour 11
Le programme était clair : Saksun (celui là aussi est cadeau et se prononce Saksoun). En bas de Saksun y'a une lagune qui se remplit à marée haute, et dans la lagune à marée basse, y'a moyen de traverser. Et il y a un concert de cuivres d'organisé : plusieurs conducteurs m'en ont parlé et y'en a même deux qui y jouaient ! Les hauteurs entourant la lagune rendent l'acoustique assez cool, mais ça reste du cuivre et surtout, des morceaux assez solennels.
Je traine donc dans la lagune, amusée de voir autant de féringiens d'un coup (au moins une centaine de personnes, soit plusieurs petits villages), en me disant que ce serait pas mal à marée haute pour tremper le cul.
Puis je visite l'autre point d'intérêt du lieu, à savoir le corps du ferme du 17e siècle avec la petite expo qui va avec.
Saksun est un endroit TRES photogénique, mais là y fait gris-vent, et y'a des gens un peu partout. L'ambiance est très sympa d'ailleurs ! Mais j'ai pas l'inspiration pour les photos. Je vous mets donc celle que je risquais pas de faire :D .
Jour 12
Ce matin, envie de rien. Ca arrive hun, mais alors quand t'es toute seule et que t'as pas de plan rapport qu'ici, tu plannifies pas sinon la météo te le fait payer, bah... faut voir. Je finis par me foutre à la porte, en me disant, ils ont prévu pas si moche, allons faire des photos à Saksun !
Mais aller au même endroit deux jours d'affilé ça ne me convient pas. Une fois sur mon bord de route, je me dis fuck, allons à Viðareiði (on prononce " Vi'hareyyi". Je crois. J'pas sûre), le village le plus au nord des îles, même si le temps ne se prête pas à la montagne qui peut se grimper à côté, ni à Enniberg, qui se trouve là aussi.
Pis une fois au dernier embranchement avant le village, à Hvannasund (Kvannasound), je vois le ferry. Et je me dis tiens, si j'allais voir les horaires ? Ce ferry mène aux deux îles les plus à l'est, et c'est souvent compliqué de le prendre à cause de la météo. Mais là, il fait beau : les nuages sont hyper bas mais il ne pleut pas (pas trop). Et le ferry part dans deux heures : je décide de faire le trajet aller retour sans descendre (sinon ça me fera très, trop tard pour rentrer en stop dans mon skyr), ce qui promet quand même deux trois trucs cools.
Deux heures plus tard, le capitaine du bateau me tombe dessus alors que je suis en train de danser et chanter à tue-tête avec mes écouteurs : la crédibilité, c'est tout un art. Bref, ça le fait marrer autant que moi, et enfiiiiin je peux monter à bord.
Vous vous direz, mais n'y avait-il rien à faire à Hvannasund pour t'occuper ? Eh bah non. Car voyez vous ici, ce qui définit un village, c'est l'église et non le troquet, comme en Bretagne. Et les églises sont généralement fermées. Donc t'as deux heures à attendre dans un village ? Tu attends dehors ou sous un abribus ou un abribateau. Et non, y'a pas de gare routière ou maritime. Pensez Féroé, pensez petit. Pensez pas trouver des cafés dans les villages (je me fais avoir à CHAQUE PUTAIN DE FOIS)(à la rigueur, des fois quand y'a une station service, ca remplace).
Et du coup le ferry ? Alors si tu es comme moi une bestions hexagonale à tendance non montagnarde, on te dit île, tu vois ça :
Un truc assez plat, à la limite quelques falaises. Et pareil, je suis là depuis dix jours, je suis sur ces putains d'îles tout le temps, et j'ai toujours pas compris que quand on te dit que le bateau dessert des îles il dessert des PUTAINS DE MONTAGNES posées sur la mer. 500m d'altitude maxi sur la demoiselle ci-dessous.
Donc de suite, ça rend la traversée un peu spectaculaire, même avec un ciel bouché. Et l'accostage, mes aïeux, du grand art de la part du capitaine, parce que le bateau ne tangue pas qu'un peu et ca secoue sévère aux abords des quais. On passe d'abord par Svinoy, puis par Fugloy, qui est la plus impressionnante, autant en terme de houle que de paysage : sans préavis tu te retrouves avec 300m de falaise au dessus de ta tête dans un bateau qui saute et balance copieusement sur les vagues. Le gros, gros kiff.
Puis retour par le même chemin.
Cet aller-retour impromptu : meilleure idée de la journée. Pour 40Kr ( = 2kgs de pâtes ici, un peu moins de 7€)(oui les pâtes sont chères, tout est cher)(sauf le ferry donc) j'en ai pris plein les yeux et je suis salée d'embruns, et surtout j'ai fait un truc que j'avais rayé de la liste parce trop compliqué. Bah en fait non (en admettant que j'accepte de faire du stop après 20h, j'aurais même pu trainer sur Fugloy mais rappellez vous : Y'A PAS DE TROQUETS DANS CE PAYS), et j'en suis bien contente.
De ma fenêtre, les vents du sud semblent pousser le ciel bleu vers nous, je croise les doigts pour que demain, voire jusqu'à mon départ, les dieux nous laissent un peu plus de ciel que les 300m réglementaires avant les nuages.
Au final la pluie s'est calmée, j'en ai eu marre de regarder par la fenêtre entre deux thés, et j'ai décidé de pousser jusqu'au village voisin, genre à 15min de marche de l'auberge en longeant la côte. Une fois dans le village, j'ai continué à longer la mer, jusqu'à ce que la route s'arrête.
Qu'à cela ne tienne, j'ai attaqué la colline, puisqu'il n'y avait pas de barrière, et à force de monter monter pour voir la baie d'un peu plus haut, bah je suis tombée sur une autre route. Nickel. En m'éloignant encore du village, arrivée au bout de la baie, c'est sur le "doigt de la sorcière" que je suis tombée, Trollkonufingur (prononcer comme vous voulez, j'ai aucune idée du truc). Je l'avais sorti de la liste de trucs à voir, et du coup je suis bien contente d'avoir poussé jusque là !
Jour 5
La balade entre les falaises peuplées d'oiseaux a été annulée à cause du mauvais temps et des vents violents. Changement de programme pour ma journée donc : je file direct à Strendur (prononcez S'rrrendoueur), là où se trouve le Air Bnb qui m'abritera pour le reste du séjour.
Un débat très bref s'est opéré dans ma tête : est-ce que je vais me reposer sur le stop pour le reste du séjour ? Réponse évidente : OUI.
Trois raisons :
- ça marche très bien, donc ça évite VRAIMENT d'attendre les bus
- c'est gratuit, ce qui est appréciable dans un pays ou les chips premier prix coûent 2€
- l'option des bus me coupait d'un truc qu'au fond, j'aime bien : discuter avec les gens du coin.
Notez que "ne pas avoir à discuter avec les gens" faisait partie des raisons qui m'avaient fait choisir le bus... ça, et la croyance erronnée que ce serait du velours avec les horaires, alors que pas trop. Pour faire les 60km qui me séparaient de Strendur, il m'aurait fallu 3 bus différents (avec des changements super longs).
Trois féringiens m'ont conduite de Midvagur à Strendur. Le dernier a fait un détour de 20km pour ça, et ne m'a lâchée qu'une fois sûr que j'étais à la bonne adresse. Rapport que c'est un peu la chasse au trésor pour trouver la baraque. Pour le coup je suis contente qu'il m'ait pas juste lâchée en bas du village comme je lui proposais.
Je cohabite avec une française et deux slovaques qui voyagent tous ensemble, on est à la frontière entre la coloc' et l'auberge de jeunesse. C'est spécial, mais la vue sur mer du petit déj est belle et j'ai ma piaule donc ça me va (et ils sont globalement sympathiques).
Le vent étant encore bien fort, avec des averses et un ciel chargé, pas question d'aller radonner gaiement, j'ai donc poussé jusqu'à Klaksvik (pronconcez Klaksvik : voyez, des fois, ça passe tout seul), la seconde plus grande ville du pays : 5000 habitants. Oui je sais faut l'encaisser, ça impressionne, prenez le temps de vous remettre, ça fait souvent ça les mégapoles.
Ca m'a surtout permis de faire quelques courses, parce qu'il n'y a pas grand chose à Strendur. Sinon c'est joli, mais j'avoue que j'ai plus eu l'impression qu'il y avait Klaksvik dans le vent que du vent à Klaksvik. Faut dire que la ville est topographiquement conçue pour avoir deux accès à la mer entre des montagnes. Un entonnoir quoi.
Conversation surréaliste en route vers là-bas : - C'est là que je vous laisse ?
- Oui !
- Et vous allez finir comment ?
- Ben en stop !
- Ca va vous prendre des heures !
- Ne vous en faites pas, y'a que 24km.
- Oh allez, je vous y emmène.
- Maismaismais ça vous fait un détour de ouf !
- Mais non, ça me fait plaisir !
J'ai comme le sentiment que je vais y avoir droit régulièrement (trois fois en une journée quoi...).Mon dernier lift m'a posée sur le perron également, curieux de voir où se trouvait le Air Bnb du coin.
Jour 6
Il a fait beau : la pluie tombait presque à la verticale !
Objectif du jour, 2h de bateau pour aller observer les falaises avec les oiseaux et des grottes marines. Côté oiseaux rien de fou, j'ai déjà eu mon compte à Mykines où on les voyait vachement mieux. J'ai été drôlement plus occupée par le paysage, gâtée par un grand soleil tout le temps de la balade en mer.
L'itinéraire a été légèremnt changé (la météo change du tout au tout à 2km près c'est donc difficile de leur en vouloir), donc pas de grotte marine de fou, mais je vais pas faire ma fine bouche, il y en a eu une petite et c'etait déjà très, très impressionnant.
Pour rentrer sur mon île, je voulais prendre un bus pour la première partie du trajet rapport que j'étais gelée (note pour plus tard, quand on ne randonne pas, on a froid). On m'a tellement bien renseignée que je me suis retrouvée à faire du stop avec deux japonaises qui allaient à Thorshavn ! Et c'était bien l'fun. Deux voitures plus tard j'ai fini par trouver le (mini) bus qui dessert Strendur, et direction sous la couette pour réchauffer tout ça avant d'y retourner.
Jour 7
Lever matinal pour être à 10h au ferry pour Kalsoy. Le ferry part de Klaksvik, donc déjà faut aller à Klaksvik, qui est déjà sur une autre île, mais reliée à "la mienne" par un tunnel sous marin (vous suivez ?). Trajet en bus, car pour une fois les horaires étaient pas mal.
Sur le ferry, je rencontre deux nanas qui voyagent seules : Sarah est suisse et a passé l'hiver au Groenland, et ça fait deux mois qu'elle est ici.Ca fait un an qu'elle voyage dans le secteur, ça a de quoi faire rêver. Bruna est étudiante et fait un tour Islande-Féroé-Norvège pour finir son semestre à Copenhague.
Comme ça colle bien et qu'on va au même endroit, on fait le stop et la mini-rando ensemble, ce qui est cool.
Le but est : le phare de Kallur. Je prévoyais pas d'y aller pis j'ai vu des photos. Pis j'y suis allée en vrai et j'ai déjà envie d'y retourner. Dans le genre bout du bout du monde, on fait pas mieux, le paysage m'a coupé le sifflet - puis j'ai offert une chanson au paysage, au vent très doux, au soleil dans mes yeux, à la mer si calme et à l'horizon.
(petite blague de la photo emblématique : on n'arrive pas du tout au phare par ce chemin, mais par une vallée en pente douce. mais ce chemin là est très chouette à prendre après, si on gère son vertige et qu'on glisse pas sur les merdes de mouton - 10% de la surface du pays)
En redescendant de là, nous nous séparons petit à petit et je finis ma visite seule, à musarder dans les deux villages de l'île avant de regagner le terminal du ferry.
Prévisions météo de demain : pluie et pluie. On verra si ça tient, on verra ce que j'aurais la foi de faire !
Je n'avais pas spécialement prévu de blogger pendant ce voyage, en tout cas pas régulièrement, mais l'idée à germé et au final, ce matin, il pleut, il vente et ça va être comme ça toute la journée alors pourquoi pas ?
[les photos ne sont pas de moi mais j'ai fait sensiblement les mêmes, juste que je ne peux pas les traiter ici]
Jour 0
On va passer sur le voyage depuis la France, qui était épuisant, allons direct à l'atterissage à l'aéroport de Vagar : on a l'impression que l'avion va atterir dans le lac, après être passé entre des langues de terrain remontées en falaises contre la mer, rien que ça, ça me fait un voyage.
Ca faisait longtemps très longtemps que j'avais pas eu les larmes aux yeux en descendant d'un avion, tellement j'étais heureuse d'être enfin là. Au bout de la piste, le lac donc, les pans de la vallée, une île au loin sur la mer, et les nuages qui dispersent le soleil en rayons sur les flots.
Le trajet en bus : même émerveillement, collée à la fenêtre pour ne rien rater de ces premières impressions du paysage, les moutons poursuivis par le chien suivi par le berger, les hommes qui font les foins dans les pâturages, le tunnel sous la mer pour rejoindre Eysturoy, les villages qu'on aperçoit au loin, sur les autres îles ou de l'autre côté du fjord.
Jour 1
Au matin, c'est plus ou moins les bêlements de moutons sous ma fenêtre qui me réveillent.
Bon en fait, plutôt les conversations des voyageurs allemands, mais on va garder les moutons hein, c'est plus poétique.
Donc les moutons, ils paissent tranquille sur le parking de l'hôtel. De la haut j'ai vue sur toute la capitale, Thorshavn, qui compte tellement peu d'immeubles qu'on peut presque les compter sur les doigts des deux mains. Le reste n'est que petites maisons claires ou colorées ou noires et rues tranquilles.
Arrivée à Midvagur (prononcez Mi'vayoul'), je pose mes sacs dans l'auberge qui sera mienne pour les prochainsjours. A ma grande joie, la personne temporairement chargée de l'accueil se plante et me file une chambre pour deux (au lieu de quatre) pour le même prix... à ce jour je suis toujours seule dans ma piaule avec vue sur mer et ma joie est complète !
Dès l'après-midi je me lance dans une "petite balade autour du lac parce que j'ai envie de le voir et qu'après 24h à trimballer mes 18kg de bordel on va y aller mollo".
Mollo donc, 13km plus tard je ne regrette rien, et sûrement pas d'avoir enfin vu ce lac qui se jette dans la mer, traversé le cours d'eau en fichant les pieds sur des pierres immergées dans le courant, me tenant à un câble, pris le vent et le soleil plein la face, jeté un oeil à la falaise très très à pic, causé à tous les moutons croisés en route et découvert que le skyr est en solde au Bonus (le supermarché le moins cher du coin, comme en Islande). Je rentre cannée et ravie.
Jour 2
Ils avaient dit "bookez en avance", j'ai booké en avance en croisant les doigts pour que la météo a cinq jours soit fiable : en bonne bretonne je sais pourtant que la météo à cinq jours, ça vaut bien la lecture de l'avenir par SMS. Mais ma foi... pour aller sur Mykines, il faisait beau et même super beau.
Mykines - prononcez Mitchiness, c'est une île, alors oui ici tout est une île mais y'en a des plus insulaires que d'autres : quand il n'y a que 45min de bateau pour y aller, c'est plus insulaire que quand on a des tunnels de partout pour se relier aux voisines, par exemple.
Donc je quitte une île pour aller sur une île, là tu peux imaginer mon bohneur, rapport que j'adore les îles. Eh bah une fois à Mykines, tu peux marcher jusqu'à une autre île, reliée par un pont. Ileception. Bonheur à tous les étages.
Bon le souci c'est que tout le monde dit et sait que Mykines est plus belle que la plus belle de tes copines, donc sur le ferry y'a que des touristes (rapport que 10 personnes seulement vivent là-bas, il y a donc plus de maisons que d'habitants, mais elles sont toutes en bon état).
J'étais préparée à tout, sauf à finir en tshirt morte de chaud, c'était donc la surprise du jour, l'autre étant : les MACAREUX MOINES.
Dans la vraie vie je m'en fous un peu des oiseaux, à part les corbeaux bien sûr. Mais ça, c'était avant, avant les MACAREUX MOINES qui sont tellement, tellement beaux et rigolos et faciles à approcher (mais pas trop non plus) et qu'on voit par centaines sur l'île, faire des allers retours avec leurs becs pleins de poissons. Beaucoup d'amour sur les macareux.
Une fois au bout de l'île reliée à l'île par un pont, grosse pause de la flemme, fascinée par le ballet des oiseaux, les autres îles au loin, la couleur de la mer et les gens qui marchent en polaire avec un sac de 40L blindé ras-la-gueule. Parce que moi là je suis en soutif, en espérant faire sécher mon tshirt trempé. J'ai bien fait de mettre un soutif, du coup.
Le village est ultra mignon, maisons colorés, toits en herbe, gens qui font les foins et gens qui repeignent les façades pendant qu'il fait encore beau.
Sur le trajet du retour, je scrute les falaises et la montagne que je traverserai le lendemain, pour la rando que j'ai prévue. Impossible d'apercevoir le moindre chemin, tout ça s'annonce super bien !
Jour 3
Jusqu'en 2004, le village de Gasaldalur (pronconcez à peu près comme ça s'écrit) n'était pas relié au réseau routier. Genre rien. Pas vraiment moyen d'accoster non plus, juste un héliport. Du cour, le postier faisait trois fois par semaine la route à pied depuis Bour (prononcez Bouheu'r), 8km dont 4 de montagne, tu peux pas test les facteurs féringiens.
Du coup c'est parti, et une fois encore le temps est magnifique. J'ai rejoint Bour par la voie du pouce, car aucun bus n'y va et qu'en plus j'ai raté celui qui m'aurait avancée un peu, et de là je marche. Ca grimpe sec au début, mais grimper j'aime ça alors on s'en fout.
Le seul souci par ici, c'est que le chemin n'est pas balisé, sauf parfois par un bâton peint planté bas dans le sol ou par des cairns d'un mètre de haut. Et comme le chemin, c'est de l'herbe, c'est un jeu de piste pour savoir où sera la suite. Bon en même temps faut aller en haut alors je grimpe quoi, pas de mystère.
Une fois en haut, la vue est parfaitement dingue, tu te retrouves au dessus de certaines îles en fait... un peu plus loin le chemin traverse une vallée d'herbe semi-circulaire. Bon la blague c'est que j'ai pas pris le bon chemin et que je m'en aperçois à mi-vallée : le chemin "officiel" est beaucoup plus haut, ce qui m'oblige à une remontée fantastique en diagonale jusqu'au cairn que j'aperçois au sommet de la montagne, derrière lequel, peu à peu, s'ouvre la vallée suivante, et en son sein le village de Gasaldalur.
La vue est parfaite : une immense vallée verte, une rivière en son sein qui se transforme en chute d'eau, la mer en contrebas, une poignée de maisons noires et colorées jetée au milieu. C'est incroyable mais à taille humaine. Le vent est piquant, fort et constant, je m'abrite le temps d'avaler un truc et c'est parti pour la descente.
On se taira sur la descente. Ayons juste une pensée pour le facteur dont les genoux devaient être soit explosés, soit en béton. Le village est parfait, gens qui repeignent les façades, gens qui font les foins, chiens de berger qui s'ébattent dans les paturages, deux vaches qui s'éclatent dans une prairie... et la cascade, bien sûr. On y trouve quelques touristes, venus en voiture - le long de ma marche je n'ai rencontré que deux personnes, arrivées lorsque j'attaquais la descente.
Jour 4
Aujourd'hui, donc il pleut il vente et c'est dimanche. J'ai même pas la foi d'aller faire un saut à Thorshavn comme je l'imaginais : y'a pas de bus et c'est pas un temps à mettre une autostoppeuse dehors, surtout que rien ne m'y oblige.
On verra demain, c'est aussi pour ça que j'ai choisi de rester "longtemps" (la plupart des personnes restent une semaine pas plus), pour pas m'obliger à faire des trucs malgré une météo digne de Vik (les Louarnig comprendront de quoi je parle).
Glandouille donc, et je reviens quand j'ai de nouveau des trucs à raconter !
Y'en avait marre du précédent design, donc un petit coup de frais s'imposait. Il y a bien des choses qui me déplaisent dans les blogs d'aujourd'hui (trop thématiques, trop commerciaux, trop tous pareils...), mais côté mise en page, vraiment, la tendance actuelle pour des trucs légers visuellement (assortis de mille photos toutes plus léchées les unes que les autres bien entendu), ça j'aime bien. Bien que j'aie récupéré du matos photo récemment (merci Rhalph !) je ne m'y suis pas remise sérieusement (parce que photographier le quotidien ne m'intéresse pas toujours), pas de gros changement en perspective de ce côté-là (enfin allez savoir).
Ca continue d'aller bien, même si je me suis un peu noyée dans la fin d'année, et même si j'ai toujours pas fini de ranger/trier/excaver certaines de mes affaires. J'ai fait la paix avec l'idée de faire ça vite, bien et définitivement. Un jour ce sera bon, et sans vouloir être cynique, ce sera deux mois avant un nouveau déménagement.
Cela aura mis du temps à se décider, mais enfin, je repars. Il y avait deux plans, séduisants chacun à leur façon : c’est finalement celui de l’autonomie, des îles et de la solitude qui a gagné au jeu des circonstances.
La semaine prochaine je pars aux îles Féroé (putain. LA. SEMAINE. PROCHAINE. HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII).
Les meilleures envie de voyage sont celles qui te sautent à la gueule sans prévenir, celles qui t’envoient dans des pays auxquels tu n’as jamais trop pensé. Et puis un jour, le nom, les conversations, une photo, une possibilité rendent un minuscule archipel paumé dans une mer agitée plus séduisant que n’importe quel été ensoleillé. C'est ce qui s'est passé en Islande il y a quelques années : je me suis prise à rêver des Féroé et du Groenland. Valravn a fini par me bercer tellement que les Féroé l'ont emporté haut la main.
Et puis ne mentons pas, mon amour pour les îles y est pour beaucoup. Les îles froides et perdues, de préférence.
Je pars seule et j’en suis très heureuse. Déjà je n’ai pas peur une seconde : les Féroé comparées à l’Iran, c’est pas franchement inquiétant. Au pire je m’ennuierai ? On fera avec.
Et puis cette année a été remplie de gens. C’est une bonne chose quelque part : l’année d'avant, je m’étais isolée à un point pas forcément ni sain, ni agréable. Pour autant, à vivre en ville, travailler, étudier, organiser des trucs, j’ai envie, au bout, de solitude. Pas forcément de temps pour moi, ça j’arrive à m’en ménager sans souci. Mais de solitude. De journées en tête à tête avec la mer. De discussions avec le vent. D'heures en tête à tête avec le paysage, l'appareil photo, de kilomètres en pied à pied avec mes godasses et les chemins.
Je ne vois pas ce voyage comme un truc initiatique, je n’en attends pas de Grandes Choses au niveau de mon Epanouissement Personnel. Mais c’est ma récompense au terme de cette année. Et j’en attends une chose principale : en prendre plein les yeux. On devrait pouvoir y arriver sans difficulté. En annexe, j’espère aussi avoir le temps de me poser, de prendre un vrai repos de la vraie vie et de nettoyer mes recoins pour attaquer la rentrée sans égorger personne.
Et puisqu'on y est, où ça en est cette histoire d'objectifs de 2016, maintenant qu'on est au-delà du mi-parcours ?
Le permis : je galère, mais j'y vais.
Les comptes : tenus sans faute depuis janvier, au moins une fois par semaine.
Tatouage : DANS UN MOIS TOUT PILE HIIIIIIIIIIIIIIII
Voyage : DANS UNE SEMAINE HIIIIIIIIIIIII
Spiritualité : ca l'fait
Sport : j'ai laissé tomber la salle de sport (la flemme, les gens, etc), et c'est donc certainement mort pour les pompes/tractions. Mais je suis allée courir dehors plusieurs fois et je trouve ça bien cool !
Skills : j'ai vaincu le tissage aux cartes ! Même si je ne fais rien de complexe, au moins ce que je fais est ok. J'ai bossé pas mal sur les runes et j'en ai une vision globale assez satisfaisante. J'ai attaqué le tarot en surface et c'est déjà pas mal.
Santé : je dors mieux mais toujours aussi peu. Moins crevée que l'an dernier, mais toujours tout le temps fatiguée.
Pas trop mal donc ? Ca se présente bien même je trouve :).
Sur ce, je retourne sautiller d'impatience sur la perspective des semaines à venir !
Il y a ceux qui m'ont accompagnée, parfois de l'autre côté de la planète, il y a ceux qui m'ont emmerdée au possible, ou choquée, ou ouvert des horizons à coup de masse dans les cloisons.
Y'a ceux qui ne me rappellent rien de bon, dont j'ai oublié l'existence, ceux qui ne sont même pas à moi, ou qui oserai-je le dire ? Étaient juste nuls.
Ceux que j'ai gardés "parce que" : parce que c'est un classique, parce que je finirai par le lire, parce que c'est un cadeau, parce qu'ils ont eu la chance d'échapper à mon regard lors de mes cinq derniers déménagements.
Je m'y accroche, à mes livres, car ce sont les livres qui m'ont ouvert le monde, qui m'ont permis d'échapper à la fin de l'enfance et à toute l'adolescence. C'est avec eux que j'ai construit, opuscule après pavé, ouvrage après page, la personne que je suis aujourd'hui - avec d'autres matériaux bien sûr aussi, mais quoi de plus constant, de plus patient qu'un livre dans une bibliothèque, qui bienveillant murmure "j'étais là" ?
Ils racontent plein de trucs, même pas besoin de les ouvrir : qui je suis, qui je voudrais être, qui j'ai voulu être, qui j'ai été et peut-être même, qui je serai... Et à chaque changement de demeure, j'ai fait un tri, souvent petit, mais toujours avec l'idée que je souhaitais les prendre avec moi sur la route.
Cette année, à moins que le plafond ne nous tombe sur la tête, je ne déménage pas. Pourtant je fais un tri, je trie un peu de trucs par-ci par-là car enfin, toutes mes possessions accumulées peuvent de nouveau être auprès de moi.
Depuis la dernière fois que j'ai vidé durablement tous mes cartons, j'ai grandi, changé, je vous fais pas un dessin, ma vie a changé et puis moi aussi, mes envies, tout ça tout ça... Et je trie. J'ai attendu d'aller assez bien pour ne pas procéder "par le vide", chose que j'aurais peut-être, ou pas regrettée, juste je voulais pas que cela soit un processus guidé par le dépit, mais au contraire, qu'il se fasse en pleine conscience, et de façon volontaire.
Alors je suis allée discuter avec mes bouquins, voir lesquels allaient me suivre sur la route encore, et lesquels allaient reprendre la leur entre d'autres mains, pour que je poursuive plus légère, avec juste ce que j'aime sur mes étagères. Il restera des bouquins pas lus, des trucs que je garde parce que ça me fait marrer de les avoir, etc. Car une bibliothèque purement utilitaire, remplie uniquement de réussites de lecture, sans un ouvrage "au cas où", cela serait super triste hun.
Mais bref voilà, je re-re-re fais un tri (celui qui a précédé mon arrivée au bout du monde ayant déjà été assez important, sans regrets après coup d'ailleurs), en savourant pleinement de ne pas le faire uniquement par contrainte. Et pour faire de la place aux prochains bouquins.
Ce n'est pas nécessairement une chose que j'aime lire chez les autres, peut-être parce que ça semble souvent trop beau pour être vrai, ou que je suis pessimiste, ou que j'ai été envieuse, sûrement. Mais là je n'ai pas d'autre choix que de comprendre que je peux le dire à mon tour. Que les choses bougent, que des plaies longtemps restées à vif se referment doucement et que je m'habitue aux cicatrices.
Je vais mieux, beaucoup mieux. Et je vois doucement s'approcher le moment où je serai prête à pousser à nouveau, pas juste à fermenter en râlant. Ca me partage en l'enthousiasme et la trouille. L’enthousiasme car j'ai à nouveau le cerveau qui fourmille, et pas uniquement d'idées noires. Et parce que je traverse les jours avec une légèreté qui n'a très, très, très longtemps fait défaut. Le temps me semble très lointain où je pouvais agir sans traîner derrière moi le poids mort de l'à quoi bon.
Et la trouille, parce que justement, c'est bien loin tout ça. Je n'ai plus 20 ni 25 ans, j'ai complètement oublié comment on peut fonctionner sans la dépression toujours à te scruter au carreau. C'est l'inconnu, un bel inconnu évidemment, mais dans lequel pour l'instant je ne me lance que prudemment. Après tout, c'est encore la saison sombre, j'ai encore un peu de temps pour aérer la terre et préparer le printemps, n'est-ce pas ? Alors je fais ça, je continue à préparer le terrain.
Je m'étais dit que le tri de certaines affaires attendrait justement que j'aille mieux. L'ouverture des cartons et moi ça a toujours été compliqué. Ce soir j'ai eu envie de trouver une ou deux images agréable à regarder entre deux tableaux croisés dynamiques au boulot, et de magasine en pile de bordel, je me suis retrouvée à explorer mes archives photos, mes tirages de l'école surtout.
Première déconvenue : ma collection de billets de train a moisi. On dira donc que le mot déconvenue est faible : d'une part car j'ai une phobie totale du moisi, et d'autre part parce que j'ai collecté TOUS mes billets de train pendant plus de DIX ANS. La pile fait 15cm de haut, ça fait un beau paquet de kilomètres ET DE PUTAIN DE MOISI. Et j'ai des billets qui traînent partout en attendant de la rejoindre, ce qu'ils ne feront jamais. Je tente de me dire qu'il va falloir faire le deuil de cette chose à laquelle je tenais beaucoup, au milieu de toutes les choses que les déménagements m'ont enlevé. Ouais je dramatise, j'avais qu'à défaire certains cartons avant, évidemment. M'enfin, je m'en remettrai avant que ça me reprenne, évidemment.
Seconde déconvenue : la même chose, mais pour mes boites photo. Certaines n'ont plus de négatif depuis belle lurette, certaines contenaient des souvenirs de famille. Ca fait une grosse pile de regrets et de moisi aussi, bien sûr...
Mais surprise ! Dans les photos conservées ailleurs, celles de l'école de photo donc, se trouvaient certaines des images qui auraient pu se trouver dans les boîtes photo. Une de mes parents à mon âge notamment, et de ma mère petite. Ca me réconforte pas mal. Ca, et de retrouver certains travaux avec plaisir, envie de les voir aux murs.
Et puis ce portrait de moi, dont je me suis looooongtemps demandé si je l'avais gardé. Semble-t-il oui, pour mon plus grand bonheur. C'est un calotype réalisé à la chambre 20*25 (il me semble), pour ceux à qui cela parlera. Pour les autres, ça veut dire que comme il n'y a pas de négatif, vraiment, je suis heureuse d'avoir remis la main dessus. (oui bon alors avec mon habillage de grosse maline ça s'affiche pas bien, clic-droit afficher l'image et vous l'aurez dans la couleur d'origine, ca prendra moins de temps que d'aller bidouiller le design du blog).
Dans le tas il y a aussi mes pellicules ... d'Islande, qui étaient déjà périmées quand je les ai utilisées. Je pense qu'il est temps de les développer, non ?