Lisbeth Salander à la Fashion Week

C'est en gros comme ça que j'ai perçu ma première semaine de reprise des cours. Je ne sais pas trop sous quel angle aborder cette rentrée, du coup on n'a qu'à dire qu'on va voir ce qui vient.

Le centre de formation a un règlement fort strict et par endroits, stupide. On y trouve une grosse majorité d'élèves mineurs issus (et toujours) de filières professionnelles et techniques, pas de secret, c'est pour eux qu'il y a un badge obligatoire, obligatoirement porté autour du cou tout le temps, l'interdiction de rester dans les salles de cours à la pause, l'obligation d'avoir une tenue "professionnelle", un permis à points pour les infractions au règlement... Je vis super mal cette infantilisation du haut de mon grand âge et je me découvre une réticence à l'autorité très adolescente. Je me rebelle à fond, je n'ai pas mis ce foutu badge autour du cou une seule fois, parce que ça m'emmerde prodigieusement. La fronde est totale, et pour le moment, personne ne dit rien.

Ce matin la bande des quatre filles que je confonds entre elles (et certains profs aussi) parce qu'elles sont toutes blondes, en veste de tailleur, slim et ballerines et maquillage quotidien, qu'elles font la même taille et ne se séparent tellement jamais depuis le premier jour (ces bandes qui se forment entre inconnu-e-s dès le premier jour, QUELLE EST CETTE SORCELLERIE ?) que je les soupçonne d'entrer à quatre dans les cabines des chiottes, BREF la bande des quatre a fait décaler une rangée entière pour pouvoir s'asseoir ensemble. J'ai cru être retournée au collège.

Retour au collège encore, il y a des profs qui dictent leurs cours, parfois avec indication des couleurs à employer pour noter. Parce qu'il y en a (deux ?) qui ne savent pas prendre de notes. Apparemment on a jugé que ca resterait pour toujours hors de leur portée alors c'est dicté. Je suis extrêmement dépitée, je passe mon temps à attendre la suite des phrases en vociférant dans le dedans.
Mes notes : des gribouillis hâtifs dans un carnet qui sert à tout, tout en noir ou en ce qui me tombe dans la main et des petits dessins dans tous les coins. Bien des flèches et des ratures. Les notes des autres : des titres en couleurs, des mots-clefs soulignées à la règle, c'est tout propre et lisible, ça m'angoisse.

Ça se tasse un peu depuis hier, mais je ne me sens pas du tout à ma place. Ça m'a valu six jours au sommet de l'anxiété, à avoir envie de quitter les cours en plein milieu pour ne jamais revenir. T'as beau avoir l'habitude, ça fait toujours chier. Si les cours avaient commencé sans passer par trois journées d'intégration ça aurait sûrement été plus gérable. Même si ça va mieux, donc, je garde ce sentiment de décalage avec les autres, à des degrés plus ou moins importants selon les gens.

Choses entendues en cours :  Est-ce que je peux aller aux toilettes ? Madame, est-ce que je peux sortir me laver les mains, j'ai de l'encre sur les doigts (trois gouttes, ndlb) ? Ah bon, on ne vous demande pas de faire le café dans votre entreprise ? (d'une prof) Photoshop... donc tu as travaillé sur mac ? (la même prof, qui doit nous faire bosser sur ordi) Est-ce que je peux aller aux toilettes ? Est-ce que je pourrais y aller après ? Vous allez voir, il y aura des clans et une mauvaise ambiance (les deuxième année). Vous pouvez parler moins vite j'arrive pas à noter ? Est-ce que je peux aller aux toilettes ? Ahlalala pas droit aux portables, ça va être dur quand même... Faut l'écrire en rouge ça ou pas ? Est ce que je peux aller aux toilettes ? Non, normalement on n'a pas le droit d'y aller entre les pauses, je vous laisse sortir aujourd'hui mais seulement parce que c'est le premier cours.

Sur ce dernier point, j'ai presque hâte de menacer d'un décapsulage de Mooncup en plein cours pour mettre cette prof face à la stupidité crasse qu'il y a à intervenir dans la vie des sphincters des élèves, qui n'ont jamais mieux bossé en ayant envie de pisser. Ca les rend juste plus chiants (et les autres profs laissent sortir alors paie la cohérence de l'autorité).

Au milieu des défauts de l'école, trois qualités : des cours très longs (4h ou 3h) qui permettent de bien avancer, des bâtiments neufs de l'an dernier assez bien conçus, et des apprentis boulangers pâtissiers dont on peut acheter la production tous les soirs à des prix défiant l'entendement (25cts la baguette, qualité aléatoire). Et une équipe pédagogique pas mal impliquée, avec une prof de français comme on en rêve tou-te-s.

Le meilleur pour la fin, j'ai eu mon premier cours d'allemand aujourd'hui et j'étais sûrement la meuf la plus heureuse de toute l'école tellement ça m'a manqué. Pour ne rien gâcher le prof est cool, on n'est que quatre élèves, l'épreuve est pas très dure. J'ai réellement hâte de retrouver l'aisance que j'avais il y a dix ans, j'étais déjà assez à l'aise de toute manière. Cette langue m'a vraiment beaucoup manqué, plus que je ne l'aurais cru.

Bilan étrange donc, je suis super contente et mécontente à la fois de recommencer l'école... le fond me plait (apprendre des trucs = le bonheur), la forme moins (le retour au lycée, quand on n'a pas aimé le lycée, c'est pas mieux). Ce sera sûrement plus agréable quand on prendra le rythme normal d'alternance, c'est à dire juste deux jours de cours par semaine.

Sur ce, c'est l'heure d'aller glander devant une série hun ^^

Commentaires

1. Le 17 sept. 2015, 08:31 par W1nch

There is no spoon.

Abstraction du pire. Même si c'est trèèèèèèèèèèèèèèèèèèès dur :p