Lisbeth Salander à la Fashion Week, seconde

Évidemment, j'ai encore des trucs à dire sur cette rentrée. Les réjouissances ne pouvaient pas s'arrêter à la première semaine : y'avait encore école jusqu'à vendredi.

Nous avons eu, vendredi de bon matin, la joie de découvrir qu'une partie de la classe était torchée de la veille. Pendant les 7h de cours de la journée, huit dindes ont donc gloussé et discuté à voix haute au mépris du cours que dispensait la certes peu passionnante mais néanmoins gentille prof d'économie. Qui n'a rien dit à personne une seule fois, malheureusement, alors qu'un aller simple au premier rang aurait au moins eu le mérite de les faire chier...

Nous avons eu :

- Xavier Niel, vous connaissez ? (note : nom cité dans un document de dix lignes que tout le monde venait de lire, + c'est le patron de Free)
- C'est pas un philosophe ?
- Euh, peut-être à ses heures perdues, mais je ne crois pas.
- Mais si, y'a un philosophe qui porte ce nom !
- Tu veux parler de Nietzsche ?
- Aaaaaah, oui !

Et aussi : Madame, ça veut dire quoi, ponctuelle ?

Et encore : C'est parce que tu es turc que ton plat préféré c'est le kebab ?

Et des récriminations outrées lorsqu'une prof a évoqué qu'on devrait être content-e-s de pouvoir taper les notes à l'ordi, que déjà ça craint qu'on aie du mal à suivre comme ça, vu qu'à la fac personne ne dicte et on apprend tout simplement à prendre des notes. "Haaaaaaan mais on n'est pas à la faaaac hun !". Personnellement je donnerai très cher pour qu'on prenne des notes, au moins l'ensemble aurait-il un minimum de sens.

Nous avons eu des cours fort chiants, je me rends à l'évidence, la méthode de travail me rappelle mes plus noires heures de lycée. Scolaire à la nausée, mécanique, pas intéressante alors que les sujets sont loin d'être forcément chiantissimes. On a au moins une prof aux méthodes dépassées depuis le 19e, qui parle sans intérêt aucun de choses passablement chiantes, dicte des cours sans structure aucune, au contenu brouillon, et saupoudre tout cela de quantités effarantes de polycopiés jamais recto-verso au contenu là encore questionnable. Certains sont issus de manuels d'avant la réforme de la formation, soit 2010. Vu l'évolution du travail, sachez-le, ça fait peur.

Moyennant quoi je suis allée fouiller les rayons de la librairie du coin à la recherche de matière pour approfondir tout ça, mais j'ai fait chou blanc. Les manuels sont pour l'essentiel aussi creux que les cours. Soit alors, il va falloir que l'invente comment éliminer cette impression de vide sidéral qui m'envahit quand je constate qu'il me faut moins d'une heure pour taper le contenu d'un cours qui en a duré quatre.

Socialement, on va passer rapidement. Il y a des gens dans cette classe (fatalement), ils sont tous contents de sociabiliser et moi j'ai juste envie d'apprendre des trucs et de bosser. Du coup j'observe, je fais comme si de rien n'était, et le midi je cale mon petit rituel : une demi-heure pour manger avec deux trois nanas pas chiantes, une autre où je me pose dans l'endroit le moins naze pour s'isoler, casque aux oreilles, et pendant 5min je ferme les yeux le temps de me balader dans une musique qui me parle. C'est pas énorme, ça remplace cependant une sieste, ça me permet de décrocher, d'oublier l'école, les gens, les cours qui n'avancent pas, les chiottes qui puent le Séphora, la fatigue, le mal au ventre. Après je zone sur le téléphone ou je bouquine. Ça me fait du bien, même s'il y a toujours d'autres gens dans ce coin, en général c'est assez calme.

Et ça paraît rien, mais promis ça compte : j'ai cessé de faire semblant de m'habiller en moldue. Et c'est étrangement bénéfique à mon bien être.

Donc y'a le tram bondé le matin, l'école toujours grouillante, la classe toujours gloussante, le tram bondé le soir, et moi au milieu qui prie pour disparaître. Après deux semaines à rentrer les larmes aux yeux à la maison pour cause de "trop de gens", j'ai presque hâte... non j'ai vraiment hâte de retourner au boulot, ou c'est définitivement plus calme, même si là bas aussi, je suis sujette à l'anxiété. J'ai aussi des transports plus calmes, je droit d'aller aux chiottes ou de boire un thé quand je veux, et globalement, des collègues moins nounouilles. Bon par contre la moldurie vestimentaire sera un peu plus nécessaire.

Quoiqu'il en soit, on va prendre le rythme trois jours d'entreprise, deux d'école, et j'accueille cette perspective avec un immense soulagement.

Et promis on parle vite d'autre chose, j'ai trois articles en brouillon.