Des ptites pousses, du moisi et un vieux portrait

Ce n'est pas nécessairement une chose que j'aime lire chez les autres, peut-être parce que ça semble souvent trop beau pour être vrai, ou que je suis pessimiste, ou que j'ai été envieuse, sûrement. Mais là je n'ai pas d'autre choix que de comprendre que je peux le dire à mon tour. Que les choses bougent, que des plaies longtemps restées à vif se referment doucement et que je m'habitue aux cicatrices.

Je vais mieux, beaucoup mieux. Et je vois doucement s'approcher le moment où je serai prête à pousser à nouveau, pas juste à fermenter en râlant. Ca me partage en l'enthousiasme et la trouille. L’enthousiasme car j'ai à nouveau le cerveau qui fourmille, et pas uniquement d'idées noires. Et parce que je traverse les jours avec une légèreté qui n'a très, très, très longtemps fait défaut. Le temps me semble très lointain où je pouvais agir sans traîner derrière moi le poids mort de l'à quoi bon.

Et la trouille, parce que justement, c'est bien loin tout ça. Je n'ai plus 20 ni 25 ans, j'ai complètement oublié comment on peut fonctionner sans la dépression toujours à te scruter au carreau. C'est l'inconnu, un bel inconnu évidemment, mais dans lequel pour l'instant je ne me lance que prudemment. Après tout, c'est encore la saison sombre, j'ai encore un peu de temps pour aérer la terre et préparer le printemps, n'est-ce pas ? Alors je fais ça, je continue à préparer le terrain.

Je m'étais dit que le tri de certaines affaires attendrait justement que j'aille mieux. L'ouverture des cartons et moi ça a toujours été compliqué. Ce soir j'ai eu envie de trouver une ou deux images agréable à regarder entre deux tableaux croisés dynamiques au boulot, et de magasine en pile de bordel, je me suis retrouvée à explorer mes archives photos, mes tirages de l'école surtout.

Première déconvenue : ma collection de billets de train a moisi. On dira donc que le mot déconvenue est faible : d'une part car j'ai une phobie totale du moisi, et d'autre part parce que j'ai collecté TOUS mes billets de train pendant plus de DIX ANS. La pile fait 15cm de haut, ça fait un beau paquet de kilomètres ET DE PUTAIN DE MOISI. Et j'ai des billets qui traînent partout en attendant de la rejoindre, ce qu'ils ne feront jamais. Je tente de me dire qu'il va falloir faire le deuil de cette chose à laquelle je tenais beaucoup, au milieu de toutes les choses que les déménagements m'ont enlevé. Ouais je dramatise, j'avais qu'à défaire certains cartons avant, évidemment. M'enfin, je m'en remettrai avant que ça me reprenne, évidemment.

Seconde déconvenue : la même chose, mais pour mes boites photo. Certaines n'ont plus de négatif depuis belle lurette, certaines contenaient des souvenirs de famille. Ca fait une grosse pile de regrets et de moisi aussi, bien sûr...

Mais surprise ! Dans les photos conservées ailleurs, celles de l'école de photo donc, se trouvaient certaines des images qui auraient pu se trouver dans les boîtes photo. Une de mes parents à mon âge notamment, et de ma mère petite. Ca me réconforte pas mal. Ca, et de retrouver certains travaux avec plaisir, envie de les voir aux murs.

Et puis ce portrait de moi, dont je me suis looooongtemps demandé si je l'avais gardé. Semble-t-il oui, pour mon plus grand bonheur. C'est un calotype réalisé à la chambre 20*25 (il me semble), pour ceux à qui cela parlera. Pour les autres, ça veut dire que comme il n'y a pas de négatif, vraiment, je suis heureuse d'avoir remis la main dessus. (oui bon alors avec mon habillage de grosse maline ça s'affiche pas bien, clic-droit afficher l'image et vous l'aurez dans la couleur d'origine, ca prendra moins de temps que d'aller bidouiller le design du blog).

Calo


Dans le tas il y a aussi mes pellicules ... d'Islande, qui étaient déjà périmées quand je les ai utilisées. Je pense qu'il est temps de les développer, non ?