(avant Samhain)

Je n'ai pas trié les photos des Féroé, j'ai encore moins édité les petites vidéos faites sur place, mais peu importe : j'ai ramené de ce voyage bien plus que des images et c'est en partie ce qui me nourrit ces temps-ci.

Ces temps-ci sont mes favoris de l'année, j'aimerais que jamais cet automne ne prenne fin. Les jours ont enfin une durée acceptable, le soleil ne donne pas plus de lumière que nous n'en pouvons supporter, le vent porte la promesse de l'hiver, des longues nuits, des tempêtes à venir. Il y a des foulards aux cous et des teatimes dans la lumière dorée de la fin d'après-midi, des cieux à couper le souffle quand le travail nous pousse hors de la maison trop tôt le matin, il y a cela et bien des choses qui consacrent pour moi cette période de l'année. Je pourrais vivre dans la chanson "Octobre" de Cabrel.

Et bien sûr que Samhain approche et que cela fait de moi une enfant avant Noël - si pour Noël on s'habillait de noir et qu' on allait dans les bois, au lieu d'amener les bois dans la maison. C'est l'impatience la plus importante que j'aie connue depuis quelques années, et je la savoure avec délices. J'espérais faire une "retraite" pour cette période, mais force est de constater que cette retraite est venue à moi - invisible et discrète, elle est un tiraillement : je suis là, au travail à l'école, "en Molduvie" ; en même temps je suis loin à rêver d'hummus, de rivière glacée dans le chaos rocheux, de feuilles qui crissent sous la semelle. Je suis au camp, je suis au bois, j'en suis parfois même nostalgique de Ponthus lorsque je l'ai rencontré et de l'abri familier entre ses racines.

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Cela rend ma vie civile parfois pesante, car j'aie envie d'autre chose, évidemment. J'apprends à concilier, j'essaie de ne pas oublier qu'il y a un an de cela, chaque matin sortir du lit était un miracle. Je ne sais toujours pas dormir, mais le voyage a été immense jusqu'ici.

C'est avec ce bagage, cette promesse tenue que je me pointerai dans une demi-lune au coin du feu. Pour dire au revoir à l'année, bonjour à la saison sombre, pour préparer le viatique jusqu'à Yule, jusqu'à Imbolc, jusqu'à Beltaine. Au final, j'ai même dépassé mes engagements, et je me trouve à cette délicieuse croisée : et maintenant ? Est-ce qu'on explore encore plus loin la relation avec Grande Reine, est-ce qu'on répond à l'appel discret du Forestier, si seulement c'en est un ? Ou bien est-ce qu'on attend de voir, on va voir ailleurs, on va voir partout et on verra bien ? J'en sais trop rien, vraiment on verra bien. Il y aura certainement des réponses dans le cercle du camp du Clan, fussent-elles de simples pistes, fussent-elles, pour changer : "démerde-toi".