Sur l'autre rive

Depuis Beltaine, je n'ai pas arrêté de faire la fête. Je dois remonter bien bien loin pour retrouver une époque aussi faste en soirées ; non que je finisse chaque soir avec le foie en vrac, mais aucun week end n'est resté sobre et solitaire bien longtemps.

Et j'aime ça.

Depuis Beltaine, et je sais que je ne suis pas seule avec cette impression, j'ai le sentiment que le feu brûle encore dans la clairière, mais surtout dans les coeurs.

Et j'aime ça.

Depuis Beltaine, je n'ai pas arrêté, en fait depuis le début de 2017 je n'ai pas arrêté. J'avais noté "FOCUS" comme mot de mon année, consciente que ce genre de choix peut être à double tranchant, et que se concentrer sur l'essentiel ne serait pas nécessairement une promenade de santé. Et puis focus, faire la mise au point, c'est aussi chausser ses lunettes et cesser de laisser le flou planer. Dont acte : et l'énergie dépensée est immense, mais plus encore la récompense.

Hier j'ai passé mon dernier exam' de BTS. Me voilà donc débarrassée, un peu hagarde, de ces deux ans d'études qui m'ont tout autant remis le pied à l'étrier que pourri la vie. Je bosse sur la suite maintenant, et ce n'est là encore pas des plus simple, mais j'y crois. Samedi j'ai déménagé mes possessions que je pensais modestes (50 cartons, donc au temps pour le minimalisme...), me suis couverte de bleus, mais ça y est, j'ai mon nid. Pas bien fini, pas bien rangé, mais on va quand même l'étrenner samedi et c'est une bonne chose de faite, là encore.

Je n'ose plus espérer me reposer. Je cours après le repos et le "rien foutre dans mon coin comme une ermite" depuis des mois, et apparemment, ça ne veut pas, que voulez-vous. Mais j'aimerais bien quand même pouvoir y penser, maintenant que j'ai fait le plus gros du boulot de l'année. Qui sait pourtant ce qui attendra au détour du chemin ?

Depuis Beltaine je comprends que cette année, son début en tout cas, c'est une grosse leçon de souplesse. Ca tombe bien, j'avais le sentiment que j'avais sédimenté trop de trucs et que cette flexibilité, que comme toute assistante je vante dans mes lettres de motiv,' n'était plus qu'un mot et pas vraiment une réalité.

Mais il a bien fallu, car plusieurs choses que pensais acquises se sont dérobées sous mes pas. Il a fallu réapprendre à changer très vite de cadre mental, de projets, de perspectives. Très vite comme dans «pas le temps de passer des heures à tourner autour du pot en espérant que les ronds rentrent dans des carrés », comme dans « allez au lieu de crier de frustration et de pleurer d’angoisse, décroche ce téléphone et fais avancer les choses ».

Ca me fait mobiliser des capacités que j’ai trop longtemps laissées en sommeil, ça m’en fait découvrir d’autres. C’est très rare que j’aie ce sentiment, mais en ce moment il est là : je n’ai plus l’impression d’être une gosse larguée dans le grand bain, juste à ma place, à faire ce qui doit être fait pour poursuivre mes objectifs.

Et j’aime ça.