La mise à jour de la vie

Il ne se passe plus grand-chose par ici, et il s’en est passé tellement dans la vie réelle que je n’imagine même pas faire une mise à jour complète de mon existence depuis. Je n’ai pas fait le bilan de 2018 car c’est une année qui s’est terminée avec beaucoup de belles choses dans ma vie extérieure, mais surtout beaucoup de difficultés dans ma vie intérieure.

J’ai réussi tous mes examens jusque-là, je suis allée au Castelfest, je n’ai toujours pas changé de prénom, je suis allée chez mes parents, je suis allée à la Pride de Rennes, j’ai fait du shibari pas mal, j’ai fait la végane pendant presque un mois mais pas tout à fait parce que faire ça à la période des fêtes n’était pas mon idée la plus pertinente, je suis allée chez le podologue plutôt en 2019 et je sais pas encore si ça va servir, et j’ai glorieusement laissé tomber le vélo parce que le Bout du Monde est beaucoup trop pentu pour ça. J’ai pas mal conduit, pas mal fait la fête, pas mal fait l’amour, donc on peut dire que malgré un hiver abominable, en un an et trois mois depuis le dernier post, on a plutôt vécu des trucs pal mal.

Je suis tombée très fort amoureuse et ça a remué des choses à plein de niveaux, notamment sur la question de ce que je souhaitais pour mes relations. J’estime avoir une chance incroyable aujourd’hui de me préparer à partager un bout de ma vie avec une personne aussi douce et ouverte, qui prend soin de moi et m’accepte avec mes petites névroses, mes grandes phases de tourbe, me soutient dans mes projets et croit en moi plus que moi-même. C’est la première fois de mon existence que je vis le polyamour sereinement, que je me sens entourée d’autant de bienveillance et de douceur, et c’est beaucoup grâce à cette personne. Cela m’a cruellement manqué auparavant, de pouvoir être moi-même dans cet aspect-là de ma vie, et c’est sans aucun doute un déterminant majeur de mon bien-être actuel, quelles que soient les mauvaises phases que le retour de la dépression a pu me faire traverser ces derniers mois.

Ces derniers mois, et encore en ce moment, ça a été la grande phase de transformation, car je m’apprête à déménager de nouveau, après les quatre années réglementaires dans la même ville. Je vais de nouveau habiter avec des gens, on verra ce que cela donnera, mais je suis très enthousiaste face à ce nouveau projet : en ce moment vivre seule m’épuise un peu, paradoxalement. Je vais de nouveau bosser, après de longs mois de pause salutaire, car six mois de stage m’ont rappelé combien le travail, ça peut être l’enfer. Nouveau foyer, nouveau taff, ça fait beaucoup de changements… et un retour aux sources puisque pour la troisième fois, je vais m’installer à Rain-city. Retour, encore et encore, à ma ville d’amour, après quatre ans d’idylle avec le Bout du Monde, sa mer et ses maudites rues en pente.

Le préavis est posé, je viens souvent à Rain voir le joli garçon, depuis qu’il est installé dans le coin je fais sans cesse l’aller-retour. Cela me fait reprendre pied dans les rues, reprendre les habitudes, découvrir les changements. Je me réacclimate au rythme et à la lumière d’ici. Y’a des jours où ce n’est que bonheur, d’autres où ce n’est que douleur, parce que j’ai vécu trop de vies ici. C’est très contrasté, pas toujours facile à concilier. Tant que je ne serai pas posée, je crois que j’aurais du mal à faire autre chose que de parcourir mes souvenirs et à en construire de nouveaux, et c’est ok. Je parcours Rain avec anticipation, et le Bout du Monde avec mélancolie. Je sais ce que je quitte, je sais à peu près ce que je vais avoir… mais je suis déjà un peu partie du Finistère, pas encore revenue en Ille et Vilaine, je suis tiraillée entre mes deux amours. Ça peut sembler un peu bête, vu de loin, après tout je ne change même pas de région, mais moi je les sens, ces infimes différences d’accent, de mentalité, de culture, de références entre les deux villes.

C’est ça qui me demande le plus d’énergie ces derniers temps : la transition. Être ici et être là-bas, quand je peux, et n’être réellement nulle part quand ça m’échappe. Faire de la place pour chaque bout de vie. Il reste deux mois : j’ai envie d’être installée, de ne plus avoir de voisin du dessus, de commencer de nouveaux cours de danse ; je fais la liste de ce que j’ai jamais fait au Bout du Monde, des plans laissés en plan qu’il est encore temps de réaliser, des gens avec qui j’ai envie de passer du temps avant que cela soit plus compliqué de se voir ; je fais la liste des trucs que je pourrais faire une fois à Rain, des choses pour la nouvelle maison, des avantages de la grande grande ville. Cela a été difficile de faire le choix de quitter ma ville pluvieuse pour retourner dans ma ville à colombages, attendre pour mettre ce choix en œuvre n’est pas beaucoup plus facile.

En attendant, je fais au mieux pour profiter de cette fin de saison de danse avec les copines, des gens doux qu’il y a ici, en profitant aussi des merveilles du jardin du joli garçon et des autres gens doux de là-bas.  Des jours comme aujourd’hui, j’ai l’énergie de savourer, et c'est sûrement le genre de trace que je serai contente d'avoir laissée dans quelques mois :)

Commentaires

1. Le 23 sept. 2019, 03:00 par Morgane LC

Ooooh ! Je passais par hasard par ici, parce que je pensais à toi et que j'espérais que tu te sois bien installée, et je découvre ces quelques nouvelles, postées il y a déjà 3 mois... Je suis contente de retrouver ton écriture ! Des bisous du Bout du Monde <3