21 fév. 2008

Petits riens du jeudi

Préface : d'aucun-e-s voulaient voir mon tatwage, et c'est reviendu en conversation souvent ces jours-ci. Pis la cicatrisation est en phase toute finale. Dont acte. Oui, je sais, il est assez bordélique. Et non, je ne suis pas dépoilée. C'est la cheville gauche, donc (tentez de photographier votre cheville gauche avant de m'dire que ma photo craint ^^).

*

La prof d'esthétique, elle prend des trucs le matin. Je sais pas quoi, mais il est totalement inhumain d'être aussi follement entousiaste de bon matin (8h quoi !) pour enseigner une matière aussi complexe et intello que la sienne. On notera que ce cours, le seul qui fasse vraiment appel au cerveau en histoire de l'art*, a donc lieu tôt le lendemain de l'atelier contes, qui lui se finit rarement avant 23h (on entretient l'économie des débits de boisson rennais, aussi). Brefle, j'y vais pourtant toujours avec un égal plaisir.

Juste que, quand l'effet du café commence à se dissiper (ssiper), ce genre de phrase :
" On peut retrouver le sens de l'Erfahrung à partir des chocs atomistiques de l'Erlebnis"
...on se la relit trois fois intérieurement avant de reprendre son souffle ^^.

Mais elle est marrante la prof. Elle part en live, à faire des reproches cachés à des philosophes dont on n'a jamais entendu le nom avant, se marre à ses ptites blagues, et finalement, rend le propos encore plus passionnant.

"Benjamin est un penseur brillant ! Bon, il n'a pas eu le temps de penser longtemps, mais quand même !"

Oui j'vous parle de mes cours. C'est bon signe, ça veut dire que j'y vais hun.

*

Sinon un jour faudra que je vous parle des chiottes de l'étage de la BU. Elles sont fréquentées par des littéraires désoeuvrées, et c'est toujours avec joie que j'y prends ma pause boulot : y'a plein de lecture. Moins depuis qu'ils ont carrelé les murs, mais il reste les portes. En général donc, j'y reste une demi-plombe, même si ces temps-ci ça ne se renouvelle pas des masses.

Y'a les grandes question existentielles - "Pourquoi c'est TOUJOURS quand on doit coucher qu'on a ses règles ?", suivies des réponses candides "Mais si vous vous aimez vraiment, cela peut attendre !", ou moins "Ben quoi c'est cool de baiser pendant les règles !", ou méchantes "Ptin comment t'es conne de poser ce genre de questions ici !", ou pratiques "Prends la pilule en continu t'auras pas tes règles". Et les réponses aux réponses. Et les maniaques (moi...) qui corrigent les fautes d'orthographe au passage.
Y'a les ptites envolées lyriques, suivies parfois de casses pas sympas du tout étant donné qu'un peu de powésie dans ce monde de chiottes (aha), ça fait pas de mal.
Y'a les restes de la grève de 2005 avec les appels à aller voter contre le blocage et les réponses des deux camps.
Y'a des hapax inclassables : "Ici pour la nouvelle année, deux femmes se sont aimées - Marie et Caroline" (mon préféré entre tous ^^).
Y'a le moment où je me rends compte que c'est moi qui a écrit "Putain mais QUI a éteint la lumière (bordel) ?!", ce qui avait du me perturber dans ma lecture et m'irriter quelque peu.

Bon ben ayé, je vous en ai parlé en fait ^^. Un jour, je vous mettrai des photos, donc.

Sinon, un jour a joyeusement disparu des chroniques de l'attente : c'est demain. Or donc, demain, pas de note, ni très certainement, les deux semaines suivantes. De toute manière, j'ai posté pour un mois là hun ^^.

* si vous sentez dans mes propos un certain mépris pour l'enseignement de l'histoire de l'art, c'est normal. Comme une certaine lassitude/aigreur envers la discipline ces temps-ci.

20 fév. 2008

Petits riens du mercredi

cinq plus deux.
dont je retranche chaque jour le jour présent, pour en rester à six.

la comptabilité et la gestion du temps n'ont jamais été mon fort.
moins cinq et plus que deux. deux, deux, deux.

comme dit l'autre de fossés en talus -
mont. mont, mont, mont, mont !*

 

Oui c'est d'la triche, spa ma pause, j'ai même po mis les pieds à la fac. En même temps il pleut, un peu, et le cours de ce matin est de loin le plus chiant de la semaine. Et j'ai pas besoin d'excuses, parcequ'être majeure et vaccinée (...et à la fac), c'est au moins pour ça que c'est bien. Bref.
Je vais donc tenter de bosser chez moi. En me connaissant un peu, on en déduira que je vais rien branler mais chut ! Laissez-moi croire. Mon architecte fou d'hier, il écrit sur l'archi de façon rigolote, et ça le rend un poil moins anthipatique.

Sinon je m'amuse de constater qu'il suffit d'une discussion avec une être chère pour se trouver confortée dans certaines certitudes - celles concernant ce que je ne *veux pas* faire "plus tard". Il est aussi rassurant de constater que même elle, qui contrairement à moi, ne fuit pas la question de l'av... pro...gnn (non désolée j'peux pas écrire ça ici ^^), ben elle les regrette, nos 16-17ans. Sûrement un truc générationnel.
Ah et puis Gwenn est happy puisque pour la première fois depuis quelques siècles, elle pèse le poids qu'elle considérait comme impossible à atteindre. Mon gène de gonzesse est super content donc !

Et contrairement au lundi et son comparse, le mercredi est nécessairement un bon jour. Puisqu'il y a atelier contes ce soir, et que ça promet d'être encore plus intéressant que d'habitude ^^. Une journée de pas perdue, donc**.

Et quand il faut y aller... *va faire semblant de feuilleter un livre*.

 

[je me demande où quarante grammes... et son comparse (?) sont en ce moment, tiens]

* "allez", dans un obscur dialecte de Basse-Bretagne. il faut sûrement être fan de la chanson pour apprécier '^^.
** j'ai effectivement une sale tendance à penser qu'une journée passée à bosser des exposés, ben elle est perdue. on n'se refait pas.

19 fév. 2008

Petits riens du mardi

[on pourra renommer à loisir cette série "les chroniques de l'attente", lorsqu'elle sera terminée '^^]

Il aime pas les voyages. Par dessus tout il déteste le train. 
Il est grand et maigre et il fume. Il porte toujours le même genre de tenue, pour allonger encore ses traits.
Il dessine. Tout. Dans les moindres détails. C'est un maniaque du détail, du bouton de porte, du pli de la serviette, de l'angle du dossier de la chaise. Tout doit être parfait. 
Là où il vit, ce ne sont que lignes droites, couleurs atténuées, lignes droites, matériaux gris, lignes droites, mesures exactes. Les tiroirs sont aux proportions des chemises.
Et dans toutes les pièces, il y a une pendule. Toutes sont gérées par un système central. La même heure s'affiche partout, tout le temps. Y'a rien qui traîne.

Autant vous dire que mon sujet d'exposé d'architecture contemp' et moi, on se serait pas très bien entendus. J'aurais flippé de son côté soigné en méprisant l'absence de fantaisie, la sédentarité. Bon, en même temps ça m'oblige à travailler sur un sujet fait d'altérité. Gaudi correspond un ptit peu mieux à mon côté brouillon.

Les élections battent leur plein à la fac, mais il faut plus qu'un amphi intégralement couvert de tracts de l'Un*f pour entamer mon humeur. Je prends mes cours sur du papier à lettres et j'ai de l'encre plein les doigts. 
Pis j'bosse toujours avec Kyo (non mais Endy, deux chansons quoi '^^ je suis pas maso non plus)(enfin si. mais pas dans le domaine musical '^^).

... c'est bon, rangez les fouets, j'retourne bosser, roh.

[tout ceci a pour unique objectif de libérer la semaine des vacances et la plus grande partie de la suivante, bien sur. sinon je ferais tout à la dernière minute... comme quoi, même une Gwenn ça peut changer. un peu. sous la menace quoi.]

18 fév. 2008

Petits rien du lundi

Cette nuit, j'ai encore rêvé que j'étais enceinte. Il y a toujours un ptit moment de flottement quand on se réveille avec en tête l'idée quand même, le métro de Paris avec un marmot dans l'bide, c'est pas pratique du tout. Bon ensuite il a fallu sortir de sous la couette et aller affronter le Monde Réel (brrr) et j'aurais ptet bien autant aimé continuer ma grossesse.

Pis bon, en même temps ça fait longtemps que j'ai pas passé le lundi à Rennes et a fortiori à la fac. Et il fait beau, et plus chaud dans les salles informatiques que dans mon igloo. Paradoxalement, il y quelque chose de reposant à vinir noircir des pages, même le trajet à vélo il a son charme.

Surtout, j'ai ouvert mon agenda et pu constater que les vacances de février sont à la fin de la semaine (wéééééééé !!!), ce que certes, je sais déjà ; mais aussi qu'à la fin de la semaine de la rentrée, j'ai un exposé. Et le lundi d'après aussi*. Et j'aimerais bien pas planter mes binômettes, qui quand nous nous sommes mises sur ces sujets ensemble, ignoraient totalement à quel point je suis une je-m'en-foutiste de première concernant mes études, croisée avec une maniaque de l'oral** qui supporte pas que les gens lisent leur texte, et qu'au surplus je supporte pas la BU, que j'ai franchement la tête ailleurs, que mes WE se prolongent de plus en plus, proportionnellement à la réduction de mon assiduité universitaire, que Brocéliande, Compostelle et le pays-du-sushi-en-folie m'intéressent grave plus que l'architecture cubiste et que je fais toujours tout à la dernière minute.

Bref, y'avait pas marqué "WARNING ne faites pas d'exposé avec cette glandue" sur mon front, alors faudrait quand même assurer un peu. Y'a rien de pire que de se foirer à l'oral '^^. Donc, je bosse. Et le pire c'est que ça m'intéresse... ça retombe toujours sur la mort à un moment donné, pour le moment, et le sujet me botte pas mal (pas mal plus que l'autre quoi). Il n'en reste pas moins que j'ai rien branlé ce semestre, et que donc, hop, j'y retourne.

[car ceci était la pause-goûter de Gwenn, sise à la bibliothèque d'art jusqu'à épuisement des réserves de papier]
[qui n'a pas envie d'y retourner, même si ça la fait marrer de bosser en écoutant Lynda Lemay et Kyo ^^]

 

* ce genre de découverte peut être comparé à la consultation de compte au petit-déj', avec un découvert de x€ à mettre sur ses tartines... y'a de ça aussi ces temps-ci, m'enfin...
**oui, c'est aussi ce que vous croyez, il y a un double sens, mais pour le moment j'ai que les stylos à me mettre sous la dent, alors chaussette ^^

16 fév. 2008

Triple fumble à Brocéliande

 

Les photos sont chez le Muh ! [clic]

 

A Brocéliande, commence à y'avoir des habitudes. La dame du bar nous connaît et tape la causette. On attaque toujours en prenant un café (un thé un chocolat chaud..)... et des sandwiches (végétarien pour Gwenn, sans beurre pour le Muh, et non on n'est pas des relous).

Pis on part - en stop ou à pattes. Aujourd'hui c'était à pattes, il faisait beau et un peu froid, surtout à cause du vent. Pas de feuilles sur les arbres. Plein d'eau dans les chemins creux, de boue en bas du pantalon, et un chien foufou qui nous suivait... enfin, qui nous a suivis tout du long.

Y'a pas à dire, c'est plaisant, tout ce vert, ce bleu, et la couleur des herbes d'hiver et l'odeur de l'air de février. C'est ce que les quelques autres promeneurs qui n'ont pas quitté le giron du premier lac devaient se dire aussi, avec toutes ces voitures venues de région parisienne... Doit leur faire drôle.

Chouette balade donc. Le deuxième étang était vide. La lumière, sur les derniers chemins tracés trop droit à travers les arbres, était magique. Dorée, éclatante, rendant l'herbe fluo et la route céleste.

J'aurais ptet apprécié complètement la chose sans la titanesque migraine qui me raclait le crâne. Car qu'on se le dise, ma pilule veut ma peau (ou alors elle fonctionne sur le principe, simple quoique faux du "pas ce soir chéri j'ai la migraine" ?) et me le fait savoir. Trop la fête, pour moi qu'ai jamais mal au crâne.

Puis à Paimpont, j'ai vomi entre deux voitures (dommage, le repas était bon ^^). Premier fumble, donc.
Notez après, comme il se doit ça allait mieux, mais pauvres onigiri quand même.

Ensuite, on est allés prendre le bus. En fait, il passait pas, celui-là, le samedi. On s'est retrouvés un peu comme des cons du coup. Deuxième fumble.
Pis bon, Super-Maman de Rhalph est viendue nous chercher.

Avant son arrivée, je suis retournée gerber ce que j'avais eu l'audace d'introduire dans mon estomac entre temps : un thé. Sans sucre. Heureuse. Troisième fumble.

Bon depuis ça va mieux, et puis il y avait des étoiles sur la route du retour. Enfin pas sur la route, dans le ciel quoi. Et la lune - la luuuneuh...


A force d'y aller, je ne vois plus cette forêt comme le support d'hypothétiques légendes. A sentir l'air qui y souffle, le bruissement des feuilles, d'autres histoires se créent, doucement. Certains pensent que Merlin y erre encore mais je ne suis pas de ceux-là. Il y a, dans le Val, les soupirs d'amours jurées éternelles, les voeux d'enfants passés par là ; auprès du tombeau de Merlin ce sont ceux qui posent leur prières qui donnent son âme à la pierre ; et Barenton s'engorge, si l'on ne vient pas remettre les pierres en place.

Alors ils m'embêtent un peu, les touristes, et en même temps, ils se contentent de répondre aux appels des clichés. J'ai juste un peu des fois envie de les prendre par le bras, leur montrer les sentiers de boue, leur faire lever le nez, leur raconter les autres histoires,  les variantes, celles qui font que toutes les histoires ne sont qu'Une...

 

(quant aux photos, la flemme. chui zombifiée par mon horriiiiiiiiible maladie d'aujourd'hui, là ^^)

15 fév. 2008

La ville dans la bouteille

Il y a quelques nuits, entre les draps, la muse de trois heures du matin et quatre mains-deux voix ont griffoné l'histoire.

Mercredi, devant les gens à l'atelier, sans avoir répété, quatre bagues aux doigts, j'ai porté nos mots.
Toute anxieuse avant, parce que c'est moins risqué de dire quelque chose lu dans un livre.

Parce que le regard, l'écoute des autres...

... lui ont donné vie. Mercredi soir dans un amphi du hall B de la fac de Rennes II, il s'est passé quelque chose de chouette comme tout.

L'istor bihan du printemps est donc lancée. Dite, entendue, yapluka la ciseler, la faire vivre, la laisser voguer.
Tout en faisant bien attention à ne pas déboucher trop souvent la bouteille, pour que sa fraicheur d'improvisée ne se perde pas.
Et puis sans l'écrire, pour ne pas figer le vent.

Alors.... c'est l'histoire du ptit Pierrick, ...

 

(et les trois pages de lettres-arabesques se trouvent dans le livre-qui-fait-voyager-assis...)

 

13 fév. 2008

Fumisteries 2

Or donc j'avais décidé de ne pas faire tout un foin de mes exams, révisions et pétage de câbles inhérents aux partiels cette année.

Vous eûtes donc droit à un compte rendu quelque peu nonchalant, et très vrai, de mes performances.

Ce jour, les résultats tombèrent et je les attendais de pied ferme, avec l'intime certitude de pas voir beaucoup de notes supérieures à dix.

Voilà. Em. Pas fait exprès hun.

*sale fumiste*

5 fév. 2008

Où l'on désenvoûte le mardi.

[pour contrebalancer le côté larvaire du précédent post...]

Ce mardi aurait pu plus mal commencer. Les premiers mots que j'entendis, éructés par mon radio-réveil, disaient, en gros : Sale temps sur la Bretagne, rafales de vent à 100km/h et averses toute la journée.
Je conçus alors deux pensées : d'abord Putain c'est un temps à aller à Quiberon, ça, pas à aller s'emmerder à la fac, bordel (oui je suis vulgaire le matin), puis Gremëul, ben j'irais pas à la fuk à vélal, pour la peine, chier.

Bon, y pleuvait pas tant que ça. Et finalement donc, la journée fut constructive, même que ça fait peur.

D'abord parce que cours pas chiant en soi, en plus animé par une coupure de courant (super pratique pour projeter les images). Puis, pleine d'enthousiasme, de joie et de motivation (... arrêtez de croire tout ce que j'écris, roh !), j'allais à la BU (lieu me procurant de terribles sensations allant de la déprime légère à l'envie de petit-suicide avec la tranche des livres), et même que j'y lus, même que ça concernait les cours, même que j'ai pris des notes. Bon, d'où tempête en Bretagne peut-être.
Puis en TD, j'eus même la joie d'assister à un exposé pas trop pourri avec deux jeux de mots (involontaires, connaissant l'esprit histoire de l'art) dedans, que tu te dis, bon, tu t'es pas levée pour rien.

Après, j'ai remarqué que j'avais perdu mon portefeuille. Je vous parlerai un jour de mon super-pouvoir, mais je l'ai retrouvé, sans rien qui manquait (... oké, faut être mesquin pour voler un ticket de métro et un euro douze). Call me sainte Antoinette, level 2 même.

Ensuite, j'inaugurai un chtit bocal nommé Japon. Nan, c'est pas la cagnotte à aller bouffer des sushis (enfin si, mais pas à Rennes). Vendu des livres inutiles pour faire de la place dans mon fourbi-chéri.

Puis, retrouvage du Muh, seconde piqûre de la semaine, avec comme interlocuteur un médecin tellement en retard et pas avenant que j'y aurais bien éternué dessus, tiens. Heureusement, les infirmières sont gentilles.

Passage aux Bozarts et à l'atelier voisin pour me proposer comme modèle. Comme c'est le seul genre de bülot que mon éthique de feignasse/anticapitaliste accepte de cautionner, on croise les doigts.

Passage place de la Mairie : des cinglés fêtent le carnaval, ouvrent un cerceuil plein de bonbons, y'a de la musique, une papesse et des toqués partout. J'aime Rennes !

Biblio, emprunts intéressants (Luzel, Zelazny, danse du ventre, Korbell et Bugel Koar pour ceusses que les détails passionnent à ce point).

Bref, pour une journée de tempête loin des côtes, c'eût pu être pire :).

2 fév. 2008

Vrier ! *sort*

Bon, il semble que chaque début de février, une note de même esprit se pose sur ce blog. Mettons, que par rapport à l'an passé eh bien... c'est un peu la même.

En même temps certes, j'ai toujours envie de partir. Je ne regrette jamais un voyage, aussi calamiteux fut-il. Pour l'instant le voyage est plutôt expérimental, intérieur, rennais ou parisien. Je regarde ma ville d'un autre oeil, y cherchant des énigmes à résoudre, tentant de la voir nouvelle, elle qui m'abrite depuis quatre ans et demi. Histoire de ne pas toujours garder le même angle, ne pas se lasser. Choisir de ne prendre aucune rue habituelle pour se rendre d'un point à un autre, et découvrir que c'est joli ailleurs que sur les sentiers préférés. Rennes, depuis tout ce temps, arrive encore à me prendre dans ses filets, et c'est bien ainsi. Elle ne s'est certainement pas calmée, la vagabonde, l'infidèle, la nomade en moi, mais elle sait qu'ici, c'est chez elle et qu'elle n'a pas à s'en défendre. Point fixe dans mon ciel de tourmentes.

Pis y'a aussi la carte du tendre sur laquelle des lignes se tracent au gré des quais, des mains qui se serrent, des attentes. Mais celle-là, c'est autre chose, c'est une exploration passionnante-passionnée, uniquement composée de chemins de traverses déguisés en trains grande lignes.

Ce matin, je suis allée chez le médecin. C'est assez rare pour être signalé, même si c'est sans importance. Signe d'évolution ? Je  n'ai pas eu peur au moment du vaccin, moi la Grande Phobique des piqûres qui se pisse dessus rien que d'en parler. Inquiétant, ai-je envie de grandir ? Enfin, la dame était gentille comme tout, j'ai ptet enfin trouvé quelque part où m'faire soigner avec plaisir.

Pour cela, il a fallu se lever presque aux aurores. Cela a donné à ce matin une saveur étrange, pour un mois de février ; celle du Chemin de Compostelle.
Attendant place Saint Michel l'ouverture de la pharmacie, j'observai le manège du marché des Lices déjà installé, marchands sur le pied de vente et rares clients. Silence percé d'éclats de voix sur l'une ou l'autre des trois places du quartier, échos de vie simples, précieux. Lumière douce, non encore venue du soleil, ciel bleu déjà réveillé. Ambiance de début de journée comme une autre, à une heure que je ne vois jamais, pour cause de grasse matiné.
M'a rappellé les matins minuscules du camino dans les villages d'Espagne, avec les premiers passants, les mots qui résonnent dans les rues, l'ouverture des boutiques, et moi mal réveillée au milieu de cette activité délicate qui ne me concerne pas vraiment. Détachée ? La lumière était semblable, et blottie dans pulls et gants, le froid n'y a rien changé. En retard pour diverses raisons, j'ai eu la joie de ne pas stresser, de juste savourer ce petit, tout petit matin improvisé.

Dans le bus du retour, passage d'un type mal lavé qui sentait le pèlerin - odeur inconvenante en ville mais oh combien familière ! Cédage de place à une vieille dame et encore, retour d'impression pèlerine. En repassant dans les rues pour regagner ma grotte, l'agitation d'une Rennes bien éveillée me renvoie à celle des petites villes traversées tôt dans la journée, la lumière sur Saint Sauveur devient celle sur la cathédrale de Logroño.

Dans la même veine, si vous voulez une idée de l'Inde, station Châtelet les Halles un samedi après-midi, certainement encore mieux par jour de chaleur, hormis le fait qu'à Paris on ne vous poursuivra pas pour vous vendre la lune, c'est assez semblable... enfin, parole de pas-parigote, remarquez, ça doit pas marcher quand on connaît le coin ^^.
Le voyage commence une fois passé le seuil du cocon... mais les routes me manquent, tout de même.

L'on concluera qu'Imbolc est en train de me passer dessus sévère, gentiment mais sans ménagement quand même. C'est pas désagréable, juste totalement effrayant pour celle-qui-n'aime-pas-penser. Celle-qui-adore-le-bordel (à ne pas confondre avec celle-qui-hurle-sur-les-falaises-aux-tempêtes-d'équinoxe-et-qui-mange-les-cadavres-du-champ-de-bataille, moins fréquentable) est en revanche assez ravie.

Et puis demain, c'est dimanche !
Manche !

                                                                Lalala a ray ma buhez....